Une distribution automatique et des laissés pour compte
En effet, les conditions d’éligibilités au chèque énergie se basent sur le revenu fiscal de référence des ménages figurant sur leur avis d’impôt. De cette façon, aucun bénéficiaire du dispositif n’a de démarche à entreprendre pour toucher son chèque annuel. Selon les nouvelles règles pour 2019, le revenu fiscal d’une personne vivant seule doit être inférieur à 10 700 euros; celui d’un couple ne doit pas excéder les 16 050 euros; quant à un couple avec un enfant, il doit justifier d’un revenu fiscal de moins de 19 260 euros. Il faut ensuite ajouter 3 210 euros par enfant. Pour un calcul simplifié, l’État a d’ailleurs mis en place un simulateur afin d’estimer le montant de son chèque énergie. Avec cette méthode de calcul automatisée, les laissés-pour-compte sont nombreux, notamment les habitants de logements mal isolés qui paient, de ce fait, une facture de chauffage plus salée. Selon le rapport de l’ONPE, 40% des ménages qui ont souffert du froid l’hiver dernier estiment que leur situation est due à une mauvaise isolation de leur logement. Un taux non négligeable.
Une mise en place tourmentée du chèque énergie
Ces “oubliés” du chèque énergie avaient d’ailleurs fait parler d’eux lors de la mise en place du dispositif le 1er janvier 2018. Une phase test de deux ans avait alors été menée sur quatre département pilotes : l’Ardèche, l’Aveyron, les Côtes-d’Armor et le Pas-de-Calais. Ce test avait été jugé positif par le gouvernement qui prévoyait donc de remplacer les tarifs sociaux par ce chèque énergie. Dans les médias circulait alors le chiffre de 1,3 million de Français pénalisés suite à la mise en place de cette mesure. Une information à laquelle le médiateur national de l’énergie, Jean Gaubert, avait réagi avec conviction : “[Ce nouveau dispositif] touche 38% de ménages de plus [que les tarifs sociaux de l’énergie] , et son montant moyen est un peu plus élevé, à hauteur de 150€. Après sa généralisation en 2018, il bénéficiera à près d’un million de ménages supplémentaires. Alors certains jonglent avec les chiffres, mélangeant et confondant tout, mettant en avant les perdants, en oubliant de parler de la majorité silencieuse des gagnants… et de rappeler qu’une expérimentation sert, précisément, à améliorer une réforme. Oui, le chèque-énergie devra être amélioré avec le temps, en particulier sur son montant, ou la garantie du bénéfice des droits liés, lors de la trêve hivernale par exemple.”
Une évolution du dispositif énergie attendue et nécessaire
Aujourd’hui, le chèque énergie a évolué comme prévu par le médiateur de l’énergie. Plus élevé et plus largement distribué, il sera envoyé, cette année encore, entre mars et avril aux foyers qui pourront le dépenser jusqu’en mars de l’année suivante. Comme en 2018, il sera possible de régler ses dépenses en énergie en l’envoyant par voie postale au fournisseur ou en le remettant en main propre au gestionnaire de son logement loyer, à l'artisan réalisant des travaux de rénovation énergétique ou même à son fournisseur d’énergie. Mais malgré sa petite évolution en 2019, le chèque énergie devra encore augmenter sa valeur et son volume s’il veut réellement aider les Français les plus nécessiteux. L’ONPE estime, en effet, que l’aide devrait s’élever à 3,1 milliards d’euros, soit près de 710 euros par logement et par an pour que les foyers considérés en précarité énergétique ne le soient plus.