MaPrimeRénov’ : bilan désastreux pour le début d’année
Nous évoquions déjà, il y a deux mois, la baisse préoccupante des demandes d’aide MaPrimeRénov’ en janvier et février 2024. Le rapport trimestriel récemment publié par l’Agence nationale de l’habitat (Anah) confirme la chute libre, sur l’ensemble du premier trimestre 2024, du nombre tant de rénovations réalisées avec le soutien de MaPrimeRénov’, que de dossiers déposés.
En résumé :
- Baisse de 43 % des rénovations énergétiques réalisées entre le T1 2024 et le T1 2023.
- Baisse de 65 % des dossiers déposés entre le T1 2024 et le T1 2023.
- Les travaux les plus sollicités sont le remplacement du système de chauffage, avec une forte demande pour les poêles à granulés.
- La complexité de MaPrimeRénov’ ainsi que les changements de cap du gouvernement ont découragé de nombreux ménages à solliciter les aides.
Le nombre de travaux aidés par MaPrimeRénov’ en nette dégringolade
Les données rendues publiques par l’Anah (1) couvrent les mois de janvier, février et mars 2024. À la fin du mois de mars, seulement 78 043 logements ont été rénovés avec le soutien de MaPrimeRénov’, marquant une baisse de 43 % par rapport aux 138 534 logements rénovés au premier trimestre 2023 (2).
Les rénovations d’ampleur, plus efficaces d’un point de vue énergétique, mais également plus onéreuses pour les ménages, sont l’objectif prioritaire du gouvernement. Elles ont pourtant très peu décollé : seulement 5 584 logements ont bénéficié d’une rénovation globale entre janvier et mars. Ce chiffre représente à peine 4 % de l’objectif de 140 000 rénovations d’ampleur en 2024 – déjà revu à la baisse par Christophe Béchu en février.
Les rénovations globales ne représentent d’ailleurs que 7 % de l’ensemble des travaux réalisés au premier trimestre 2024, contre 13 % au premier trimestre 2023.
Effondrement du nombre de dossiers déposés
La diminution des demandes d’aide atteint des proportions vertigineuses. Seuls 57 000 dossiers ont été déposés au premier trimestre 2023, contre 168 000 l’année précédente sur la même période, soit une baisse de 65 %.
Il est important de noter que les rénovations réalisées au premier trimestre 2024 dépendent de dossiers déposés en 2023. L’effondrement des dépôts de dossiers début 2024 laisse donc craindre une diminution encore plus importante du nombre de rénovations réalisées au deuxième trimestre 2024, à moins que la simplification de MaPrimeRénov’, qui entrera en vigueur le 15 mai, ne porte ses fruits.
Quels sont les gestes de travaux les plus financés ?
Le rapport trimestriel de l’Anah offre un aperçu des travaux les plus sollicités en ce début d’année. Le changement de système de chauffage est la première demande des ménages et représente 78 % des aides. Les travaux les plus pris en charge sont :
- l’installation d’un poêle à granulés (16 800 foyers) ;
- l’installation d’une pompe à chaleur air/eau (16 400 foyers) ;
- l’installation d’un chauffe-eau thermodynamique (9 800 foyers).
Le succès du poêle à granulés ce trimestre s’explique par la décision du gouvernement de diminuer de 30 % à partir du 1er avril les subventions accordées par MaPrimeRénov’ pour le chauffage au bois, dans une optique écologique.
Après les interventions liées au chauffage, les travaux d’isolation représentent 13 % des subventions, suivis par l’installation d’une ventilation (5 %) et la réalisation d’un audit énergétique (2 %).
Qu’est-ce qui explique ce mauvais démarrage ?
La complexité de la version 2024 de MaPrimeRénov’, censée favoriser les rénovations d’ampleur, a découragé beaucoup de ménages. Par exemple, l’obligation de fournir un diagnostic de performance énergétique (DPE) avant chaque geste simple de travaux représente un coût et une démarche supplémentaires pour les particuliers. Cette contrainte sera levée jusqu’au 31 décembre 2024 pour les mono-gestes de travaux.
Par ailleurs, la première mouture de MaPrimeRénov’ 2024 conditionnait les aides aux travaux d’isolation à l’installation concomitante d’un chauffage respectueux de l’environnement, comme une pompe à chaleur. Cette exigence contraignait certains propriétaires ayant récemment investi dans un nouveau système de chauffage à le remplacer à nouveau pour bénéficier des aides à l’isolation, décourageant de nombreux demandeurs.
Enfin, les multiples annonces du gouvernement, parfois contradictoires, ont semé la confusion parmi les particuliers, incitant certains à différer leurs projets de rénovation. Nombreux sont ceux qui se sentent mal informés : 75 % des Français avouent mal connaître les dispositifs d’aide à la rénovation énergétique.
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La réforme de MaPrimeRénov’ relancera-t-elle les demandes d’aide ?
La réforme, annoncée mi-mars par le gouvernement, apportera trois principales simplifications :
- les propriétaires de passoires thermiques (DPE F et G) pourront continuer à financer des mono-gestes de rénovation ;
- les propriétaires qui souhaitent seulement isoler n’auront plus à changer de système de chauffage pour être éligibles à MaPrimeRénov’ ;
- le DPE n’est plus obligatoire pour subventionner un unique geste de travaux, mais reste obligatoire pour le Parcours accompagné, qui subventionne un ensemble de travaux dans le cadre d’une rénovation globale.
Ces changements entreront en vigueur à partir du 15 mai et seront valables jusqu’au 31 décembre 2024.
Les conseils d’Hello Watt
Nous conseillons aux particuliers de continuer à installer des pompes à chaleur, qui sont bien subventionnées par MaPrimeRénov.
Vous pouvez profiter du retour du mono-geste d’isolation jusqu’au 31 décembre 2024 pour réaliser des travaux d’isolation pertinents et adaptés à votre logement. La possibilité de subventionner des gestes simples d’isolation est une bonne nouvelle pour les particuliers qui ne souhaitent pas entrer dans le parcours plus long et coûteux de la rénovation d'ampleur.
En revanche, pour les particuliers qui ont besoin d’effectuer des travaux importants, notamment quand ils habitent dans une passoire énergétique, le parcours de rénovation d’ampleur peut s’avérer plus adapté, car il permet d'obtenir des aides plus importantes.
Sources :
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