Précarité énergétique : un quart des ménages a souffert du froid en 2023 selon la Fondation Abbé Pierre
La Fondation Abbé Pierre a publié hier, mercredi 31 janvier, son rapport 2024 sur l’état du mal-logement en France (1). Outre un état des lieux sur la dégradation de l’accès au logement social et à l’hébergement d’urgence, ainsi que sur le mal-logement et le nombre de personnes sans domicile, le rapport met en lumière la précarité énergétique à laquelle est confronté un nombre croissant de Français.
En résumé :
- 26 % des ménages ont déclaré avoir souffert du froid dans leur logement pendant l’hiver 2023.
- 863 000 coupures d’énergie ou réductions de puissance pour cause d’impayés en 2022.
- 5 millions de Français vivent dans une passoire thermique.
- Le budget de l’Anah pour la rénovation de l’habitat privé a été multiplié par quatre entre 2018 et 2022.
- Mais seulement 2 % des logements rénovés grâce aux aides de l’Anah étaient des logements indignes.
- La refonte de MaPrimeRénov’ pour 2024 réduira le reste à charge des travaux de rénovation des plus modestes, mais son budget reste faible pour relever le défi des rénovations globales et l’objectif de 200 000 logements rénovés par an.
État des lieux de la précarité énergétique en 2023
Dans son rapport annuel, la Fondation Abbé Pierre alerte sur la précarité énergétique, partie intégrante du problème du mal-logement.
Comment définit-on la précarité énergétique ?
La loi définit la précarité énergétique de la façon suivante : « Est en situation de précarité énergétique [...] une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat » (2).
Plusieurs indicateurs mesurent la précarité énergétique, dont le taux d’effort énergétique, lorsqu’un foyer fait partie des 30 % des Français les plus pauvres et consacre plus de 10 % de son revenu aux dépenses énergétiques. La sensation de froid exprimée par les ménages est également un indicateur retenu par l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE).
La précarité énergétique concernait au moins un ménage sur cinq en 2021 selon l’ONPE. En 2023, selon la Fondation Abbé Pierre, 26 % des ménages français ont déclaré avoir souffert du froid dans leur logement pendant l’hiver.
Cet état de précarité énergétique des ménages s’aggrave : en 2022, 863 000 coupures d’énergie ou réductions de puissance ont été effectuées pour cause d’impayés. Un nombre en augmentation de 28 % entre 2019 et 2022.
Le rapport rappelle également que 5 millions de Français habitent dans une passoire thermique. Pour rappel, une passoire thermique, classée F ou G selon le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE), est un logement avec une isolation thermique insuffisante et des dispositifs de chauffage inefficaces, ce qui entraîne des coûts de chauffage élevés.
La Fondation met également en garde contre la précarité énergétique d’été et les « logements bouilloires » : glaciales l’hiver, les passoires thermiques se muent souvent en bouilloires thermiques lors des vagues de canicule. Les travaux de rénovation thermique sont utiles hiver comme été, mais jusqu'en 2023, aucune aide publique n’était spécialement dédiée au confort d’été.
Le budget 2024 de MaPrimeRénov’ prend en compte ce problème, en intégrant un bouquet de travaux « confort d’été ». Il inclut le financement de brasseurs d’air de plafond et de protections solaires pour les parois vitrées.
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Les aides de l’Anah sont-elles suffisantes ?
La Fondation Abbé Pierre se réjouit que la rénovation énergétique soit devenue un enjeu de premier plan. En cinq ans, le budget de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) pour la rénovation de l’habitat privé a été multiplié par quatre, passant de 700 millions d’euros en 2018 à 3,4 milliards d’euros en 2022. Dans le même temps, le nombre de logements du parc privé ayant bénéficié d’une aide à la rénovation a été multiplié par sept, 718 000 en 2022 contre 94 000 en 2018.
Cependant, cette prise de conscience est davantage liée aux préoccupations climatiques qu’à une volonté de lutter contre l’habitat indigne. La Fondation estime que l’action de l’Anah dans ce domaine demeure limitée. En 2022, sur les 718 555 logements rénovés grâce aux aides de l’Anah, seulement 2 % étaient indignes (14 555 logements).
Quant au nombre de dossiers MaPrimeRénov’ sérénité, réservés aux ménages modestes et très modestes, il a baissé dans l’habitat individuel, passant de 41 000 logements aidés en 2021 à 34 000 en 2022.
La Fondation déplore donc que les aides à la rénovation se concentrent principalement sur la performance énergétique, au détriment de la lutte contre l’habitat indigne, alors que ces deux volets devraient être complémentaires.
MaPrimeRénov’ 2024 tiendra-t-elle ses promesses ?
Quelles sont les nouveautés 2024 ?
La refonte de MaPrimeRénov’ pour 2024 est-elle en mesure d’aider les ménages les plus précaires à faire des travaux de rénovation efficaces ?
Jusqu’en 2023, le reste à charge des travaux pour les ménages modestes était trop important pour leur permettre de mener une rénovation énergétique d’ampleur. En moyenne, le reste à payer des propriétaires considérés comme très modestes par l’Anah représentait 39 % du montant des travaux, qui peuvent facilement s'élever à plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Pour 2024, le gouvernement et l’Anah se sont engagés à réduire considérablement le reste à charge des bénéficiaires. Le plafond des travaux subventionnables a été relevé à 70 000 euros, contre 35 000 euros auparavant. De plus, les taux de subvention ont été revus à la hausse, atteignant jusqu'à 90 %, contre un maximum de 65 % en 2023.
Un budget en deçà des objectifs affichés
Cependant, selon la Fondation, la version 2024 de MaPrimeRénov’ part avec du plomb dans l’aile, avec un budget d’un milliard d’euros qui reste faible pour atteindre l’objectif de 200 000 rénovations performantes par an. De plus, le nombre d’ « Accompagnateurs Rénov » agréés par France Rénov’ est encore maigre.
La Fondation Abbé Pierre regrette donc que la priorité budgétaire de MaPrimeRénov’ semble être de « favoriser de simples gestes de décarbonation du chauffage » plutôt que d’accompagner des travaux d’isolation d’ampleur. Les rénovations globales ne représentent en effet que 10 % des dossiers MaPrimeRénov’, alors qu’il s’agit selon la Fondation « des travaux les plus cohérents à long terme et les seuls à même de sortir durablement les habitants de la précarité énergétique. »
Dans ce contexte, la Fondation préconise entre autres de réformer les certificats d'économie d'énergie (CEE), dont l'articulation avec MaPrimeRénov’ est particulièrement complexe pour les ménages, qui peinent à y recourir.
Sources :
Bonjour,
Votre site est très intéressant sur de nombreux sujets. Vous devriez faire un sujet sur les logements loués par les différents bailleurs de logements sociaux.
J'habite une maison individuelle dans l'Yonne dont le DPE est classé F . Ce logement est chauffé au tout électrique avec de vieux radiateurs grille pain. Dans le grenier, les tuiles sont apparentes et du placo sépare la chambre de ce grenier. les fenètres et portes sont en bois, ont plus de 30 ans et ne sont plus étanches à l'air. les murs sont en agglo creux de 20 cm avec une plaque de polystyrène de 8 cm. Quand le vent souffle, le logement est glacial. Je vis avec doudoune, gants et bonnet. Mes factures d'électricité sont exponentielles, plus de 300€ en janvier, en ayant froid. Quand j'ai demandé au bailleur DOMANYS d'effectuer des travaux d'isolation, j'ai reçu une belle lettre m'expliquant que la loi ne les obligeait pas à pratiquer des travaux avant 2028 !!!!
On nous répète à l'infini que nous devons faire des économies d'énergie mais on laisse ces bailleurs louer des passoires énergétiques sans obligation de mettre ces logements aux normes, sans oublier les augmentations de loyer et charges pratiquées chaque année , encore 30€ ce mois de janvier 2024.
De qui se moque-t-on ?
Ce sont des milliers de logements similaires qui sont autorisés à disperser l'énergie, sans contrainte aucune. Nous n'avons aucun recours contre ces abus que même les médias taisent.
Merci d'avoir lu ce texte
Cordialement
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