Renationalisation d’EDF par l’État : quelles conséquences ?
Le mercredi 6 juillet, la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé la renationalisation à 100 % d’EDF dans le but d’éviter une quasi-faillite. Un second souffle pour la santé du grand groupe français ?
Un contexte d’urgence pour EDF
Une situation qui ne cesse de se dégrader…
Déjà propriétaire de 84 % de l’entreprise, l’État a pour ambition d'acheter les 16 % restants en bourse, afin de revenir à la situation de 1945, année durant laquelle EDF-GRDF fût créé. Ce n’est qu'à partir des années 2000 que les deux entités furent séparées et partiellement privatisées mais depuis, la situation du grand groupe français s’est nettement détériorée.
Endetté, avec un business en chute libre, EDF est actuellement sous la menace d’une dégradation de sa note financière. Pour s’en sortir, le groupe aurait dû vendre des actifs stratégiques tels que le solaire, l’éolien et l’activité renouvelable… une solution de dernier espoir et qui aurait gravement impacté l’entreprise.
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… à cause d’une synergie de facteurs négatifs
EDF reste certes un des fleurons des fournisseurs d’énergie en France, mais les risques et les incidents auxquels il fait face l’ont affaibli. Ainsi, une centrale nucléaire sur deux parmi les 56 centrales de l’Hexagone est arrêtée. En cause ? Divers problèmes de corrosion et des opérations de maintenance qui se succèdent. Or, ces centrales arrêtées, et c’est toute la production qui chute, compensée par des prix à la hausse sur le marché européen.
Et ce n’est pas le seul obstacle auquel se trouve confronté le groupe. Suite à la flambée des prix de l’électricité en octobre dernier, un bouclier tarifaire avait été mis en place afin de protéger les particuliers ; un bouclier réévalué à un coût de 10 milliards d’euros pour les finances publiques… que doit financer EDF.
Le groupe se voit donc contraint d’acheter de l'électricité à prix très élevé pour le revendre beaucoup moins cher aux Français, générant ainsi un trou de 28 milliards d’euros sur les comptes de la société.
La relance du nucléaire : second volet du plan de renationalisation
Parmi ces “projets ambitieux”, se trouve la seconde raison de la renationalisation d’EDF : le nucléaire ! Investissement très important, mais aussi très coûteux, ce projet ne peut être financé que par l’État. Il s'agit non seulement d'ouvrir des centrales, mais également de recruter au maximum. Aucune construction de centrales nucléaires ne s'étant faite en France depuis 30 ans, il faut donc embaucher et former des milliers de personnes.
Par ailleurs, le groupe a subi des déboires avec la construction de l’EPR (Réacteur Pressurisé Européen) de Flamanville, dus à de très nombreux retards, entraînant une prolongation de travaux de plus de 10 ans !
En attendant, l’État n’en démord pas : « La transition énergétique passe par le nucléaire », a rappelé Élisabeth Borne, s'inscrivant ainsi dans la droite ligne du président Emmanuel Macron. La construction de six EPR avait été annoncée en février par ce dernier, avec une mise en service prévue pour 2035.
Du côté des syndicats… des réactions très mitigées
Les réactions négatives se trouvent avant tout du côté des syndicats. Alexandre Grillat, de la Fédération CFE Energies, affirme ainsi que « Les problèmes d’EDF sont avant tout la sous-capitalisation et la sous-rémunération. Ce n’est pas parce qu’on renationalise qu’on renforce la structure en fonds propres d’EDF, cela ne résout pas son problème financier structurel ».
Sébastien Menesplier, de la CGT Mines-Energie préconise plutôt de « sortir l’électricité du marché » et d’« arrêter le dispositif de l’Arenh » (dispositif de vente à bas coût de l’électricité à la concurrence).
Ainsi, l’endettement énorme du grand groupe, les besoins financiers qu’exige l’entretien de son parc nucléaire, les nouvelles constructions de centrales, mais aussi le volet énergies renouvelables… Tous ces aspects ne rassurent pas les syndicats, inquiets.
Les mesures du Gouvernement seront-elles de taille à redresser EDF ? Nous aurons sûrement la réponse dans les prochains mois.
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