Présidentielle et rénovation : que proposent les candidats ?

La rénovation énergétique : une importance à géométrie variable dans les programmes 

La rénovation énergétique est un domaine au cœur des préoccupations du Gouvernement depuis quelques années déjà. Amorcée en 2015 via la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), la démarche de transition énergétique et écologique impulsée par l’État a pour objectif de réduire le nombre de passoires thermiques en France et de renforcer une consommation énergétique plus respectueuse de l'environnement.

De plus en plus de pays s’emparent du sujet, comme en témoigne la récente COP21, la conférence internationale sur le climat 2015 et l’Accord de Paris, où tous les États du monde se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, afin de maintenir la hausse de la température moyenne de la planète sous les 2°C. 

Si la rénovation énergétique est un des grands enjeux des prochaines années dans le débat public, elle n’a pas le même degré d’intensité suivant les différents candidats.

Ambition des candidats sur le sujet de la rénovation énergétique

Un véritable cheval de bataille pour certains candidats

Pour deux candidats, la rénovation énergétique revêt un enjeu social et environnemental et doit être abordée sous l’angle d’une consommation énergétique plus saine et moins néfaste pour la planète. 

Le candidat écologiste Yannick Jadot met ainsi en avant plusieurs mesures allant dans ce sens  :

• la création d’un service public décentralisé. Ce dernier serait chargé de mettre en œuvre un plan massif de rénovation des logements et bâtiments de 10 milliards d’euros par an pour atteindre une réduction de 50 % de la consommation d’énergie ;
• la rénovation 5 millions de passoires thermiques en 10 ans ;
• le développement d’une grande filière de la rénovation avec comme objectif la création de 200 000 emplois.

Mais Yannick Jadot n’est pas le seul à avoir fait de la rénovation énergétique un de ses chevaux de bataille. 

Jean-Luc Mélenchon propose, lui aussi, un panel de mesures plutôt étoffé. Selon le candidat de La France insoumise, il faut absolument refaire l’isolation d’au moins 700 000 logements par an et mettre fin aux situations de précarité énergétique. Cela passe par plusieurs mesures visant à privilégier les rénovations complètes (dans le cadre d’un bouquet global de travaux de rénovation, plus que de petites actions ponctuelles)  ;

• interdire réellement la location des passoires thermiques ;
• renforcer les programmes de détection des passoires énergétiques ;
• cibler les aides à la rénovation en fonction des revenus des ménages ;
• conditionner l’obtention de labels écologiques à des résultats énergétiques concrets et vérifiés pour les bâtiments neufs comme pour les rénovations thermiques ;
• former les professionnels et mettre en place un « guichet unique » public pour les propriétaires devant faire cette rénovation ;
• réduire l’impact écologique des travaux, et donc : développer l'éco-construction avec des matériaux bioclimatiques (bois/terre/paille).

Une continuité des mesures actuelles pour le président sortant

Pour Emmanuel Macron, la question de la rénovation énergétique s’inscrit dans une continuité des mesures déjà existantes. Il déclare que "700 000 logements par an" sont actuellement à rénover et annonce vouloir pérenniser et amplifier le mouvement initié en 2021 via les mesures suivantes :

1. lancement du guichet unique public France Rénov’ (une plateforme web qui redirige les habitants vers plus de 450 guichets sur le territoire national et qui veut clarifier le parcours des usagers) ;
2. création et simplification de nouvelles aides de l’État (après notamment le succès de MaPrimeRénov’) : création du prêt Avance Rénovation en janvier 2022 et de l’aide MaPrimeRénov’ Sérénité (qui remplace l’aide Habiter Mieux Sérénité de l’Anah).

Pour quelques autres candidats, un enjeu plus mesuré 

Enfin, certains candidats, s’ils ont le mérite de mentionner la rénovation énergétique dans leur programme, n’en font pas pour autant un enjeu majeur de leur potentiel quinquennat. Valérie Pécresse par exemple, souhaite voir continuer la lutte contre la précarité énergétique en amplifiant la politique de rénovation énergétique via deux points majeurs :

1. renforcer les aides de l’État qui devront concerner tous les logements sociaux ;
2. mettre en œuvre un grand plan de rénovation des logements sociaux : rénovation énergétique et rénovation des parcs d’ascenseurs.

La candidate LR propose également de développer les biocarburants et la biomasse. L’électrification des logements fait également partie de ses projets. D’ici 2035, elle souhaite qu’aucun véhicule neuf ne fonctionne uniquement avec des énergies fossiles. En 2040, la candidate prévoit qu’ils s’en passent complètement.

Quant à Éric Zemmour et Marine Le Pen, les deux candidats mettent en valeur des mesures simples :

1. renforcer les aides pour réhabiliter l’habitat ancien pour Marine Le Pen ;
2. renforcer l'isolation des logements pour Éric Zemmour. 

Quelles ont été les mesures prises ces 5 dernières années dans le domaine de la rénovation énergétique ?

La question de la rénovation énergétique tient une place d’envergure dans l'espace public. Voici les mesures phares prises ces cinq dernières années. 

La loi énergie-climat, une loi de grande envergure 

Adoptée le 8 novembre 2019, la loi énergie-climat permet de fixer des objectifs ambitieux pour la politique climatique et énergétique française. Comportant 69 articles, le texte priorise l’objectif de neutralité carbone en 2050 pour répondre à l’urgence climatique et à l’Accord de Paris. Les quatre axes majeurs sont :

1. la sortie progressive des énergies fossiles et le développement des énergies renouvelables ;
2. la lutte contre les passoires thermiques ;
3. l'instauration de nouveaux outils de pilotage, de gouvernance et d’évaluation de la politique climatique ;
4. la régulation du secteur de l’électricité et du gaz.

Présidentielle 2022 : récapitulatif des mesures en faveur de la rénovation énergétique  

Les programmes ambitieux 

Les mesures de Jean-Luc Mélenchon

• Mettre fin aux situations de précarité énergétique.
• Refaire l’isolation d’au moins 700 000 logements. 
• Conditionner l’obtention de labels écologiques à des résultats énergétiques concrets et vérifiés pour les bâtiments neufs comme pour les rénovations thermiques.
• Se donner les moyens : former les professionnels, mettre en place un « guichet unique » public pour les propriétaires devant faire cette rénovation.
• Réduire l’impact écologique des travaux : développer l'éco-construction avec des matériaux bioclimatiques (bois/terre/paille)

Le programme de Yannick Jadot

• Créer un service public décentralisé chargé de mettre en œuvre un plan massif de rénovation des logements et bâtiments de 10 milliards d’euros par an pour atteindre une réduction de 50 % de la consommation d’énergie ;
• Rénover 5 millions de passoires thermiques en 10 ans ;
• Développement d’une grande filière de la rénovation avec comme objectif la création de 200 000 emplois.

Les mesures de continuité 

Le programme d’Emmanuel Macron

• Atteindre les objectifs de décarbonation de l’UE à horizon 2050.
• Pérenniser et amplifier le mouvement initié en 2021 (lancement du guichet unique public France Rénov, création et simplification de nouvelles aides de l’État avec le succès de MaPrimeRénov’).

Les mesures de moindre envergure 

Le programme de Valérie Pécresse 

• Lutter contre la précarité énergétique en amplifiant la politique de rénovation énergétique ;
• Rénover les logements sociaux.

Le programme d’Éric Zemmour

• Investir dans l’isolation des logements résidentiels et industriels.

Le programme de Marine Le Pen 

• Lancer un plan de réhabilitation de l’habitat ancien grâce à des aides efficaces.