Présidentielle et énergies renouvelables : que proposent les candidats ?

Écrit par Alexandre François, Rédacteur expert énergie le 28 mars 2022 à 15:01 | Modifié le 6 octobre 2023 à 11:35
Temps de lecture : 4 min

Alors que le premier tour de l’élection présidentielle approche, Hello Watt fait le tour des propositions des principaux candidats sur le thème de l’énergie. Découvrez aujourd’hui ce que pensent les prétendants à l’Élysée sur les énergies renouvelables.

Énergies renouvelables : programmes des candidats

Quelle part de renouvelable dans le mix énergétique français ?

Bien qu’un consensus semble exister chez tous les candidats sur l’importance d’une sortie rapide de notre dépendance aux énergies fossiles, la première divergence notable concerne la part de renouvelable dans le nouveau mix énergétique à construire.

Candidat

Mix énergétique 

Anne Hidalgo

Parti socialiste

100% renouvelable

Jean-Luc Mélenchon

La France insoumise

100% renouvelable

Yannick Jadot

Europe Écologie Les Verts

100% renouvelable

Emmanuel Macron

La République en marche

Mix renouvelable/nucléaire

Valérie Pécresse

Les Républicains

Mix renouvelable/nucléaire

Éric Zemmour

Reconquête

Majorité de nucléaire

Marine Le Pen

Rassemblement national

Majorité de nucléaire

Trois candidats (Jean-Luc Mélanchon, Yannick Jadot et Anne Hidalgo) se disent favorables à la planification du 100 % renouvelable. Pour Jean-Luc Mélanchon, le candidat de La France Insoumise, cela passera par un investissement fort dans l’éolien (18 500 éoliennes terrestres en 2050, et 3000 en mer) et dans le photovoltaïque (144 gigawatt installés, contre une dizaine aujourd’hui). Yannick Jadot, quant à lui, propose la construction de 3000 à 6000 nouvelles éoliennes et l’installation de 340 km2 de panneaux solaires supplémentaires d’ici 2027.

Pour cinq candidats (Emmanuel Macron, Éric Zemmour, Marine Le Pen, Valérie Pécresse et Fabien Roussel), la production d’énergies renouvelables devra être complétée par de l’énergie nucléaire. Le président-candidat Macron a justifié cette position par le caractère intermittent des énergies renouvelables, qui doit être secondé. 

L’éolien : le principal point de désaccord entre les candidats

Mais la principale divergence qui existe entre les candidats à l’Elysée, quand on parle d’énergies renouvelables, ce sont bien sûr les éoliennes. 

Candidat

Développement de l’éolien 

Anne Hidalgo

Parti socialiste

Favorable✅

Jean-Luc Mélenchon

La France insoumise

Favorable✅

Yannick Jadot

Europe Écologie Les Verts

Favorable✅

Emmanuel Macron

La République en marche

Favorable✅

Valérie Pécresse

Les Républicains

Favorable ✅ après concertation locale

Éric Zemmour

Reconquête

Défavorable❌

Marine Le Pen

Rassemblement national

Défavorable❌

Nicolas Dupont-Aignan

Debout la France

Défavorable❌

Eric Zemmour est un des plus définitifs. Pour le candidat de Reconquête, il faut impérativement interdire au plus vite tout nouveau projet de construction d’éoliennes, et geler les projets en cours. Il propose de rediriger les aides publiques à l’éolien vers le renouvelable thermique. 

Marine Le Pen envisage quant à elle de démanteler les parcs éoliens existants. Elle propose un moratoire sur le sujet. Elle suggère d’arrêter les subventions envers l’éolien, tout comme le photovoltaïque, qu’elle considère aussi nuisible pour les paysages. Nicolas Dupont-Aignan s’est également prononcé en défaveur de l’éolien. 

Les autres candidats, au contraire, considèrent cette énergie comme une énergie d’avenir. Emmanuel Macron a proposé de doubler la taille du parc actuel, quand Yannick Jadot promet la construction de sept nouveaux parcs éoliens offshore

La candidate de droite Valérie Pécresse est plus nuancée sur le sujet. Si elle ne s’oppose pas frontalement au développement de l’éolien, elle met l’accent sur l’importance d’associer les habitants aux décisions concernant les projets de construction et exige des zones de protection spéciales

Présidentielles énergies marines

Hydrogène, biométhane… Chaque candidat mise sur une innovation

Il est assez curieux de constater que chacun des candidats y va de son pari sur l’avenir et sort, en fin de programme, son joker de la filière miracle. L’hydrogène pour Marine Le Pen, les biocarburants pour Valérie Pécresse, la géothermie pour Éric Zemmour, ou encore les énergies marines renouvelables pour Jean-Luc Mélenchon

Il ne faut pas s’y tromper : si, effectivement, chacune de ces filières prometteuses revêt d’immenses espoirs, il est encore trop tôt, pour le moment, d’espérer résoudre la question énergétique aussi facilement. 

Bien sûr, la recherche est un élément fondamental dans la construction d’un futur énergétique viable et durable, et on ne peut qu’encourager les différents travaux menés sur tous les fronts ; mais croire béatement en un avenir radieux sans faire face à la réalité de notre dépendance actuelle serait une erreur.

2017-2022 : Quelles avancées en faveur des énergies renouvelables lors du dernier mandat présidentiel ?

Quel bilan ?

En début de mandat, Emmanuel Macron avait fixé pour objectif une part de 32 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique français. Il n’aura pu atteindre que 26 %, contre 45 % en Allemagne, à titre de comparaison. 

Pour répondre à cet objectif, il avait promis de doubler, en cinq ans, la capacité en éolien et en photovoltaïque. En 2017, la capacité du parc éolien était de 12 000 mégawatts environ. Elle est passée à un peu plus de 17 000 mégawatts en 2020. La capacité du parc photovoltaïque était, quant à elle, de 7 200 mégawatts en 2017. En 2020, on l’estimait à 10 800 mégawatts environ. 

L’autre objectif concernait la sortie des énergies fossiles en 2022. Là encore, l’objectif n’est pas atteint : la centrale à charbon de Cordemais fonctionnera jusqu’en 2024, voire 2026. Quant à la loi Hulot de 2017 interdisant toute nouvelle attribution de permis d’exploration d’hydrocarbures, elle n’empêche pas la prolongation des concessions déjà accordées, certaines ayant déjà été renouvelées. 

Les mesures phares promises par les candidats à l’élection présidentielle

Emmanuel Macron

  • Devenir la première nation décarbonée d’Europe
  • Maintenir les objectifs de neutralité carbone en 2050

Valérie Pécresse

  • Lancer un grand plan d’utilisation de l’hydrogène propre
  • Instaurer un plan de relance “gaullien” pour l’énergie avec une mobilisation massive du nucléaire

Yannick Jadot

  • Instaurer un ISF climatique
  • Installer 340 km2 de panneau solaires supplémentaires d’ici 2027

Jean-Luc Mélenchon

  • S’approvisionner en EnR à 100 % d’ici 2045
  • Développer les filières d’énergies marines (hydroliennes, éolien en mer, centrales houlomotrices, installations maréthermiques…)

Éric Zemmour

  • Stopper tout projet éolien 
  • Relancer la filière nucléaire et l’imposer à l’échelle européenne

Marine Le Pen 

  • Démanteler les parcs éoliens et solaires existants
  • S’appuyer sur le nucléaire et l’hydrogène pour sortir de la dépendance aux terres rares à l’égard de l’Asie

À savoir

Notez que les propositions des candidats évoquées dans cet article entrent dans le cadre de leur politique énergétique globale. Nous avons fait le choix d’analyser ici seulement le programme des candidats sur les énergies renouvelables, mais n’hésitez pas à consulter également nos autres articles sur les élections présidentielles 2022 !

Alexandre François

Alexandre François

Rédacteur expert énergie

Après ses études supérieures, Alexandre rejoint Hello Watt en 2019. Il est expert des sujets liés au marché de l'électricité et du gaz, au développement de la concurrence et aux fournisseurs.

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