Solaire : plus le nombre d’installations grimpe, plus les aides chutent !

La prime à l’autoconsommation en chute libre

La prime à l’autoconsommation, également appelée prime à l’investissement, est une aide financière octroyée par l’État aux foyers qui installent des panneaux photovoltaïques et optent pour un contrat d’autoconsommation avec vente de leur surplus de production. Cette aide est versée intégralement après la mise en service d’une installation de puissance égale ou inférieure à 9 kWc. 

Le tableau ci-dessous présente les nouveaux montants de la prime à l’autoconsommation pour les installations raccordées à partir du 1^er août 2024 (dernière colonne) :

Par exemple, une installation d’une puissance de 3 kWc raccordée entre le 1^er août et le 31 octobre 2024 percevra une prime à l’autoconsommation de 780 € (260 € x 3). En comparaison, cette même installation aurait reçu 900 € si elle avait été raccordée le trimestre précédent. 

Pour une installation de 6 kWc raccordée entre le 1^er août et le 31 octobre 2024, la prime sera de 1 140 €, contre 1 380 € si le raccordement avait eu lieu un mois plus tôt.

Le tableau ci-dessous permet de constater la baisse de la prime entre les deux derniers trimestres et sur un an : 

Le segment résidentiel (0-9 kWc) est le plus affecté, avec une baisse de plus de 40 % sur un an. Un particulier ayant installé 9 kWc en août 2023 a touché une prime de 2 870 €. Un an plus tard, en août 2024, il reçoit 900 € de moins, soit seulement 2 070 €.

Les tarifs de vente du surplus baissent légèrement 

Voici les montant des tarifs de vente du surplus des cinq derniers trimestres pour les installations en autoconsommation avec revente du surplus : 

Après une très légère hausse constatée au dernier trimestre, les tarifs de rachat pour l’ensemble du segment résidentiel (0-9 kWc) sont réduits de 0,25 centimes d’euro par kWh à partir du 1^er août 2024. Cette diminution représente une baisse de 2 % par rapport au trimestre précédent et de 5 % sur un an. 

Comment s’explique cette baisse ?

Plus le nombre d’installations augmente, plus les aides diminuent

Le segment résidentiel est en fait victime de son succès. En effet, la prime à l’autoconsommation et les tarifs de rachat diminuent mécaniquement chaque trimestre sous l’effet d’un coefficient de dégressivité activé lorsque le volume d’installations raccordées atteint des niveaux élevés. Autrement dit, plus le nombre d’installations augmente, plus les subventions diminuent.

Or le secteur résidentiel a connu un véritable boom en 2023, qui s’est poursuivi au 1^er semestre 2024. En 2023, Enedis a raccordé 200 000 installations en autoconsommation au réseau électrique, et 115 000 au 1^er semestre 2024. 

À titre de comparaison, Enedis n’avait raccordé que 51 000 installations en 2021. En 2024, le rythme d’installation de panneaux solaires est dix fois supérieur à celui observé il y a seulement quatre ans !

Un mode de calcul obsolète ?

Le mode de calcul de la prime à l’investissement et des tarifs de rachat est en fait basé sur les objectifs d’installation définis par la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) de 2019. Or, le photovoltaïque en toiture dépasse aujourd’hui ces cibles.

Les professionnels du secteur estiment que ces seuils sont désormais trop bas et entraînent une baisse injustifiée des tarifs. En effet, les objectifs fixés en 2019 ne tiennent pas compte de l’augmentation des prix de l’électricité due à la crise de l’énergie, ni de l’engagement croissant des particuliers dans la transition énergétique, ni de la maturité actuelle de la filière photovoltaïque. 

La programmation pluriannuelle de l’énergie, qui définit les priorités de la transition énergétique en France, doit être renouvelée tous les cinq ans. La nouvelle PPE aurait dû être promulguée avant août 2023, mais le gouvernement n’a eu de cesse de repousser l’échéance. L’absence de majorité à l’Assemblée devrait encore compliquer la situation. 

La proposition d’Hello Watt : mieux cibler les aides et instaurer des montants fixes

Si les volumes de nouvelles installations deviennent trop importants pour que le gouvernement continue de subventionner à hauteur de plusieurs milliers d’euros les 100 000 installations raccordées chaque semestre, il pourrait envisager de mieux cibler les aides.

Le solaire photovoltaïque, à la différence du solaire thermique, n’est pas inclus dans le dispositif d’aides à la rénovation énergétique MaPrimeRénov’, qui subventionne en priorité les ménages aux revenus très modestes, modestes et intermédiaires. 

La prime à l’autoconsommation est ainsi attribuée sans distinction de revenus. Par conséquent, le solaire photovoltaïque est donc majoritairement installé par les ménages aisés, pourtant les moins affectés par l’augmentation des prix de l’énergie.

La prime à l’autoconsommation pourrait donc être modifiée pour cibler spécifiquement les ménages aux ressources modestes et intermédiaires, en s’inspirant du modèle de MaPrimeRénov’. Une autre option serait d’intégrer le solaire photovoltaïque à MaPrimeRénov’, puisqu’il est, au même titre que le solaire thermique, un élément clé de la transition énergétique des logements. 

Par ailleurs, la révision trimestrielle des montants de la prime à l’autoconsommation et des tarifs de rachat empêche les particuliers et les installateurs de planifier leurs projets. Instaurer un montant fixe offrirait une meilleure stabilité et prévisibilité au secteur.

Malgré les baisses, le solaire reste plus rentable que jamais 

Faut-il s’inquiéter de la baisse de la prime à l’autoconsommation et des tarifs de vente du surplus ? Absolument pas ! La rentabilité du solaire photovoltaïque est aujourd’hui plus élevée que jamais, sous l’effet de deux facteurs : 

1. l’augmentation du prix de l’électricité : +38 % entre février 2023 et février 2024, et +51 % en cinq ans ; 
2. la chute du prix des panneaux solaires : -50 % en 2023. 

En 2024, le retour sur investissement d’une installation solaire n’a jamais été aussi rapide. Hello Watt a calculé que le solaire a gagné trois ans de rentabilité en moyenne entre début 2023 et début 2024. 

Par exemple, pour une maison de 250 m² à Toulouse, avec 5 habitants, une consommation annuelle de 10 000 kWh, et un taux d’autoconsommation de 55 %, l’installation est rentabilisée en 5 ans en 2024, contre 8 ans début 2023. 

Notre conseil : ne tardez pas à demander des devis et à démarrer votre projet solaire. Les aides risquent de diminuer encore au prochain trimestre du fait de la forte hausse du nombre d’installations. Profitez-en avant que les conditions ne deviennent moins avantageuses !

Source : Commission de régulation de l’énergie, Arrêtés tarifaires photovoltaïques en métropole.