Le vol spatial de Katy Perry a émis autant de CO₂ que 80 ans d’électricité ou 5 ans de gaz

Écrit par Simon Desimpel, Rédacteur expert énergie le 16 avril 2025 à 18:15
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Modifié le 17 avril 2025 à 10:06
Temps de lecture : 5 min

Lundi 14 avril 2025, la chanteuse américaine Katy Perry est montée à bord de la fusée Blue Origin, la compagnie de Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon. Avec ce vol de seulement 11 minutes, l’artiste a contribué à générer environ 15 tonnes de CO₂, soit l’équivalent des émissions d’un citoyen français sur un an et demi. Nous avons comparé ces émissions avec celles générées par la consommation d’électricité et de gaz des Français.

En résumé : 

  • Le vol spatial de la chanteuse Katy Perry a duré 11 minutes et généré environ 15 tonnes de CO₂.
  • L’empreinte carbone d’un Français est de 9 tonnes de CO₂/an, ce vol équivaut donc aux émissions d’un Français pendant 1 an et demi. Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) recommande de réduire ces émissions à 2 tonnes de CO₂/an et par citoyen d’ici à 2050, soit 8 fois moins que le vol spatial de Katy Perry.
  • Selon les chiffres de RTE (Réseau de Transport de l’électricité) de 2023 et de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), un kWh d’électricité consommé en France émettait l’équivalent de 33 g de CO₂ et un kWh de gaz équivalait à 204 g de CO₂ émit.
  • 15 tonnes de CO₂ représentent ainsi l’équivalent de la consommation d’électricité d’un couple vivant dans un appartement de 60 m² sur 80 ans ou d’une famille de 4 personnes vivant dans une maison de 120 m² pendant 45 ans. Pour le gaz, cela représente environ 6 à 18 ans de consommation avec l’eau chaude, la cuisson et le chauffage.
  • Le mix énergétique français est particulièrement décarboné et la consommation d’électricité est donc peu émettrice, mais ce n’est pas le cas dans tous les pays du monde. Le gaz, le fioul ou le charbon, en revanche, sont beaucoup plus polluants.
  • En optant pour le suivi de votre consommation d’énergie grâce à l’application Hello Watt, vous avez la possibilité de la visualiser en kWh, en et en CO₂.
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Que représentent 15 tonnes de CO₂ par rapport à la consommation électrique d’un Français ?

Le mix énergétique français est très décarboné, en raison de la part très importante du nucléaire, qui n’émet pas de CO₂ et de la place grandissante des énergies renouvelables. D’après les derniers chiffres publiés par RTE (Réseau de Transport de l’Électricité), un kWh d’électricité consommé en 2023 émettait l’équivalent de 33 g de CO₂.

Une famille de 4 personnes vivant dans une maison de 120 m² équipée en tout électrique, consomme en moyenne 9 940 kWh/an, ce qui représente 328 kg de CO₂ (0,33 t) annuels. Pour un couple vivant dans un appartement de 60 m², la consommation moyenne est de 5 667 kWh/an, soit 187 kg de CO₂ (0,19 t).

Nous avons comparé la consommation électrique des Français avec les émissions de gaz à effet de serre générées par le vol spatial de 11 minutes réalisé par la chanteuse Katy Perry lundi 14 avril.

Ménage

Consommation annuelle

Émissions annuelles de CO₂

Durée estimée pour émettre 15 tonnes de CO₂

Famille de 4 personnes occupant une maison de 120 m²

9 940 kWh/an

0,33 t

45,7 ans

Couple vivant dans un appartement de 60 m²

5 667 kWh/an

0,19 t

80,2 ans

Estimations Hello Watt, réalisées en avril 2025 à partir des données RTE de 2023

Selon nos calculs, le vol spatial de la chanteuse américaine a émis, en seulement 11 minutes, l’équivalent en CO₂ de la consommation électrique sur 80 ans pour un couple français et sur 45 ans pour une famille. Ces chiffres donnent une idée de l’impact carbone dramatique des vols spatiaux touristiques, mais montre aussi que la consommation d’électricité en France émet peu de CO₂.

En effet, si l’empreinte carbone d’un français est de 9 tonnes de CO₂/an, la part de la consommation électrique dans ces émissions reste relativement faible grâce à un mix énergétique fortement décarboné. La France est dans le top 3 mondial des pays ayant l’électricité la moins carbonée.

À titre de comparaison, voici l’intensité carbone de la consommation d’électricité de quelques pays moins performants

  • Canada : environ 100 g de CO₂/kWh en raison de l’utilisation du gaz et du charbon pour la production électrique ;
  • Allemagne : 385 g de CO₂/kWh d’électricité, liée à la forte présence du charbon et du gaz dans le mix énergétique ;
  • États-Unis : 370 g de CO₂/kWh, car le gaz naturel est la source principale de production d’électricité ;
  • Chine : 600 à 700 g de CO₂/kWh d’électricité, le charbon restant la principale source d’énergie malgré une montée du solaire.

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15 tonnes de CO₂ : à quelle consommation de gaz naturel cela correspond-il ?

La consommation de gaz émet nettement plus de CO₂ que l’électricité en France, d’abord en raison de sa combustion, mais aussi à cause de son extraction et de son transport. En effet, la France ne dispose pas de réserve de gaz naturel et celui-ci est importé à 99 %.

Selon l’ADEME, le gaz consommé en France émet l’équivalant de 204 g de CO₂/kWh. Cela représente 828 kg de CO₂ par an (0,83 t) pour un couple occupant un logement de 50 m² et consommant en moyenne 4 061 kWh par an. Pour une famille de 4 personnes vivant dans une maison de 100 m², qui consomme en moyenne 12 184 kWh, l’empreinte carbone est d’environ 2 488 kg de CO₂ (2,49 t) à l’année.

Découvrez ci-dessous ce que cela représente en comparaison avec les 15 tonnes de CO₂ émises par un vol spatial de 11 minutes

Ménage

Consommation annuelle

Émissions annuelles de CO₂

Durée estimée pour émettre 15 tonnes de CO₂

Famille de 4 personnes occupant une maison de 100 m²

12 184 kWh/an

2,49 t

6 ans

Couple vivant dans un appartement de 50 m²

4 061 kWh/an

0,83 t

18,1 ans

Estimations Hello Watt, réalisées en avril 2025 à partir des données de l’ADEME

En résumé, un vol dans l’espace d’à peine plus de 10 minutes émet autant de CO₂ que la consommation d’un ménage français composé de 2 personnes pendant plus de 18 ans ! Pour une famille de 4 personnes, ces 11 minutes représentent leur consommation de gaz pour le chauffage, l’eau chaude et la cuisson durant 6 ans.

Si ces calculs permettent de souligner la catastrophe écologique que représente le tourisme spatial, ils permettent aussi de montrer que l’électricité - en tout cas en France - émet moins de CO₂ que le gaz naturel. Cependant, il ne faut pas oublier que l’électricité reste une énergie plus chère que le gaz naturel, malgré la flambée des prix de ce dernier.

Ainsi, pour émettre moins de CO₂ sans se ruiner, il est très important de trouver la meilleure offre d’électricité, avec un prix du kWh avantageux. Pour cela, vous pouvez utiliser le comparateur Hello Watt, qui vous donnera une estimation de votre facture chez les différents fournisseurs en fonction des caractéristiques de votre logement et de la composition de votre foyer.

Comparatif des émissions de CO₂ d’un vol spatial avec d’autres sources d’énergies

L’électricité et le gaz naturel sont les deux énergies les plus courantes dans les foyers français, mais elles ne sont pas les seules. En zones rurales par exemple, le chauffage au fioul reste relativement courant, tout comme la biomasse (déchets organiques ou bois).

Par ailleurs, le charbon est encore occasionnellement utilisé pour la production d’électricité en France, et très couramment dans d’autres pays comme l’Allemagne ou la Chine.

Voici un tableau comparatif des émissions de CO₂ des différentes sources d’énergies

Énergie

Consommation annuelle moyenne

Émissions de CO₂/kWh

Émissions annuelles de CO₂

Durée estimée pour émettre 15 tonnes de CO₂

Électricité

9 940 kWh/an

33 g/kWh

0,33 t/an

45,7 ans

Gaz naturel

12 184 kWh/an

204 g/kWh

2,49 t/an

6 ans

Fioul domestique

20 000 kWh/an (environ 2 000 L)

777 g/kWh

15,54 t/an

1 an

Biomasse (bois, déchets organiques)

13 000 kWh/an 

494 g/kWh

6,42 t/an

2,3 ans

Charbon (production équivalente à 9 940 kWh d’électricité)

28 400 kWh/an (3 550 kg de charbon)

986 g/kWh

9,94 t/an

1,6 an

Estimations Hello Watt, réalisées en avril 2025 à partir des données de l’ADEME

Nous pouvons voir que certaines sources d’énergies sont particulièrement émettrices de gaz à effet de serre, à l’instar du fioul et du charbon. La biomasse, si elle est renouvelable, émet toutefois du CO₂ lors de sa combustion. Cette énergie est considérée comme verte, car elle est renouvelable, mais elle n’est neutre que sur le long terme, si les arbres sont replantés par exemple.

Enfin, la consommation annuelle moyenne de fioul équivaut à peu près à ces 11 minutes passées dans l’espace par Katy Perry qui, comme nous l’avons vu, représente de nombreuses années en électricité. Autant dire que le remplacement d’une chaudière fioul par une pompe à chaleur est un très bon moyen de réduire considérablement son empreinte carbone !

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Simon Desimpel
Simon Desimpel

Rédacteur expert énergie

Après une première vie dans l’audiovisuel, Simon a pris le chemin de la rédaction web et rejoint Hello Watt en 2023. Sensible aux thématiques du développement durable, il vous informe au mieux pour réaliser des économies tout en réduisant votre empreinte carbone.

Commentaires
FRI
 - 16 avril 2025

Je croyais que cette fusee était propulsée à l’hydrogene + oxygene et ne produit que de la vapeur d’H2O.

Queles sont les hypothèses etl le votre mode calcul pour aboutir à votre conclusion?

Simon
Simon
 - 17 avril 2025

Bonjour, vous avez raison : la fusée utilise un moteur à hydrogène et oxygène, ce qui ne génère directement que de la vapeur d’eau.

Cependant, le chiffre de 15 tonnes de CO₂ inclut l’ensemble du cycle de vie du vol :

  • production de l’hydrogène (très énergivore) ;
  • opérations au sol, logistique ;
  • infrastructures, etc.

C’est une estimation globale de l’empreinte carbone du vol, par passager, selon plusieurs sources scientifiques et journalistiques. Notre objectif était de mettre en perspective cette empreinte avec la consommation énergétique d’un foyer français.

Yves
 - 17 avril 2025

Qu'en est il des lancements SpaceX et d'Arianegroup? Pouvoir comparer l'impact des différents lanceurs serait bien pour se faire une idée plus globale du spatiale et de son impact (BlueOrigin fonctionne à l'hydrogène liquide, qui rejette moins de CO2 que d'autres type de carburant)

Simon
Simon
 - 17 avril 2025

Très bonne remarque, merci ! Effectivement, l’impact carbone varie selon les lanceurs, et il est intéressant de comparer.

SpaceX, avec sa Falcon 9 alimentée en kérosène (RP-1), génère environ 200 à 300 tonnes de CO₂ par lancement, selon les estimations relayées par Our World in Data et The Guardian. Lorsqu’il s’agit de missions habitées (comme Crew Dragon), la capacité est de 4 passagers, ce qui représente environ 50 à 75 tonnes de CO₂ par personne.

Du côté d’Ariane 5, la situation est mixte : l’étage principal fonctionne à l’hydrogène/oxygène liquide (comme Blue Origin), mais les deux boosters utilisent des ergols solides — des carburants chimiques pré-mélangés qui brûlent de manière autonome — très émetteurs de CO₂. Le CNES et d’autres analyses techniques estiment l’empreinte totale entre 300 et 500 tonnes de CO₂ par lancement, même si Ariane transporte des satellites, pas de passagers.

En comparaison, le vol de Blue Origin (New Shepard) est estimé à 15 tonnes de CO₂ par passager, bien que la propulsion ne rejette que de la vapeur d’eau. Cette empreinte inclut la production de l’hydrogène liquide (souvent très carbonée), les infrastructures et la logistique du vol.

Ces chiffres restent des estimations, basées sur des analyses externes en l’absence de bilans carbone officiels complets. Ils donnent toutefois un bon aperçu des ordres de grandeur dans le spatial aujourd’hui.

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