La fin de l'ARENH annonce-t-elle une flambée des prix de l'électricité en 2026 ?

Écrit par Ghaniya Serier, Rédactrice experte énergie le 27 février 2025 à 15:35
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Modifié le 13 mars 2025 à 15:16
Temps de lecture : 4 min

Prévue pour le 31 décembre 2025, la fin de l’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) marque un tournant majeur pour le marché de l’électricité. Ce dispositif a longtemps permis aux fournisseurs alternatifs d’être compétitifs, tout en garantissant des tarifs stables aux consommateurs. Face à ce constat, il est légitime de se demander si la suppression de l’ARENH pourrait entraîner une hausse des prix de l’électricité.

En résumé :

  • Le dispositif actuel de l’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) prendra fin le 31 décembre 2025 et ​​​​​​l’UFC-Que Choisir met en garde contre l’impact de cette suppression, qui risque d'entraîner une hausse importante des tarifs pour les consommateurs.
  • Les bénéfices générés par ce nouveau système devraient permettre à EDF de financer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires EPR 2, programmés par le gouvernement à l’horizon 2040.
  • Souscrire des offres de marché à prix fixes reste le meilleur moyen pour se protéger contre les hausses du prix de l’électricité attendues en 2026.

Hello Watt  signale que cette fin prochaine aura deux conséquences notables : 

  1. aujourd’hui, le prix de l’électricité est composé à 50 % aux prix de marché et à 50 % au prix fixe de l’ARENH (42 €/MWh). En 2026, il sera composé à 100 % aux prix de marché, qui se situent aujourd’hui aux alentours de 70 €/MWh ;
  2. ce prix composé à 100% de prix de marché sera plus exposé à la volatilité du marché et donc moins stable, notamment en cas d'envolée des prix.

Comment fonctionne le dispositif actuel de l’ARENH ? 

Malgré l’ouverture totale du marché de l’électricité à la concurrence en 2007, EDF conserve toujours un avantage certain sur ses concurrents grâce à son parc nucléaire. Le fournisseur historique détient près de 60 % des parts de marché, de quoi décourager les concurrents qui souhaiteraient s’implanter !

Pour répondre à ce déséquilibre, le dispositif de l’ARENH, prévu dans la loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Énergie) a été mis en place en 2011. L’ARENH permet aux fournisseurs alternatifs d’avoir accès à une portion de l’électricité produite par EDF à un prix avantageux.

Le montant est fixé par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) et s’élève à 42 €/MWh dans la limite de 100 TWh par an

Notons qu’en permettant aux fournisseurs alternatifs de s’approvisionner auprès d’EDF à un prix compétitif, ce dispositif a permis, jusqu’à présent, de maintenir des tarifs relativement stables pour les consommateurs. En effet, ce tarif fixe permet d’assurer qu’une partie de l’approvisionnement n’est pas soumise aux fluctuations des marchés de gros.

Cependant, ce système prendra fin dès le 31 décembre 2025, marquant la fin de cette période transitoire pour les fournisseurs alternatifs et ouvrant la voie à une nouvelle régulation du marché de l’électricité

Focus sur le parc nucléaire français !

Le parc nucléaire français, aujourd’hui composé de 19 centrales équipées de 57 réacteurs, a connu des difficultés en 2022 et 2023. Cette période a été marquée par une baisse conséquente de sa production.

Des problèmes de corrosion ont conduit EDF à mettre à l’arrêt 10 réacteurs, réduisant la production de 82 TWh. Avec une production hydraulique relativement faible, la disponibilité du parc est tombée à 54 %, générant un surcoût énergétique de 16 milliards d'euros et une hausse des prix de l’électricité assez conséquente sur cette période.

Quelles seront les conséquences de cette suppression sur les factures des Français ? 

La fin prochaine de l’Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique (ARENH) ne sera pas sans conséquences pour les particuliers et professionnels. Des prix plus volatils et potentiellement plus élevés peuvent être attendus en 2026. On vous explique. 

Un nouveau système de régulation prévu en 2026 ? 

Après de longues négociations, un accord a été signé en 2023 entre EDF et le gouvernement pour un nouveau mécanisme de régulation de l’électricité qui succédera prochainement à l’ARENH. Cette réforme repose sur deux nouveaux éléments clés :

  1. EDF devra vendre l’intégralité de sa production nucléaire sur les marchés, et non plus seulement 100 TWh par an comme c’était le cas avec l’ARENH ;
  2. si les prix de gros augmentent significativement le versement nucléaire universel prévoit une redistribution partielle aux consommateurs des bénéfices réalisés par EDF.

Ce dispositif est justifié par le besoin d'EDF de financer ses investissements dans le nucléaire et de couvrir les surcoûts engendrés par le projet de l’EPR de Flamanville. Celui-ci n’a finalement été raccordé au réseau qu'en décembre 2024 après plusieurs années de retard.

Toutefois, il pourrait entraîner un transfert direct des coûts vers les consommateurs. Notons que l’impact exact de cette réforme sur le prix de l’électricité n’est pas connu à l’heure actuelle. En effet, le prix du TRV de 2026 est calculé à partir des prix de l’électricité sur les marchés sur 24 mois (de début 2024 à fin 2025). 

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Impact de cette réforme sur le prix de l’électricité 

La réforme de la régulation du nucléaire, présentée comme une avancée par le gouvernement, pourrait surtout entraîner une forte hausse des factures d’électricité pour les particuliers et les professionnels.

En 2025, environ 50 % de l'approvisionnement des français provient de l'ARENH, et 50 % est acheté sur le marché à des prix bien plus élevés (autour de 70 €/MWh, en fonction des fluctuations du marché). Avec la fin de l'ARENH les fournisseurs ne pourront plus bénéficier de l'approvisionnement à prix régulé auprès d'EDF et devront acheter leur électricité sur le marché. 

Cette transition pourrait entraîner une hausse significative des factures de l’ordre de 18,5 €/MWh, soit une augmentation d'environ 9 % des factures des consommateurs, si toutefois les prix se maintiennent à 70 €/MWh. Notons que ces chiffres dépendent également de l’évolution future des prix de l’électricité sur les marchés.

L’UFC-Que Choisir prévoit une augmentation plus importante dans une étude récemment publiée. D’après ses estimations, ce nouveau dispositif pourrait entrainer une hausse allant jusqu’à 19 % sur les factures d’électricité des Français, soit 250 € par foyer moyen.

Cette hausse s’explique notamment par le nouveau mode de calcul des tarifs qu’impose cette nouvelle réforme : des tarifs plus élevés et moins stables des marchés de gros. Par ailleurs, l’association ne s’arrête pas là et dénonce une taxation insuffisante des bénéfices d’EDF et un mécanisme de redistribution qui ne restitue que 58 % des taxes aux consommateurs, le reste étant absorbé par l’État.

De quoi avantager EDF qui a déjà réalisé 11,4 milliards d’euros de bénéfices en 2024. Autre conséquence probable : le TRV pourrait devenir plus sensible à l’évolution des prix de marché. Des évolutions plus importantes à la hausse ou à la baisse pourraient donc être attendues à l’avenir. 

EDF, grand gagnant de la réforme ?

La réforme de la régulation du nucléaire intervient à un moment où EDF, fournisseur historique, fait face à des besoins financiers assez importants. Ces besoins concernent le financement de nouveaux projets nucléaires et la gestion des dépassements de coût liés à l’EPR de Flamanville

À terme, l'augmentation des prix de vente de l'électricité devrait permettre à EDF d'augmenter significativement ses revenus et de financer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires EPR 2, programmés par le gouvernement à l’horizon 2040.

Le problème réside dans le fait que le parc nucléaire actuel a déjà été financé par les Français, à travers leurs impôts , leurs factures d’électricité et via l’ARENH également. Avec cette réforme, ne risquent-ils pas de payer une seconde fois, et à des prix de marché bien plus élevés

Notons qu’en 2024, EDF a enregistré un bénéfice de 11,4 milliards d'euros grâce à l'augmentation de sa production nucléaire et hydraulique. Malgré une baisse de 15,7 % de son chiffre d'affaires, cette performance devrait quand même permettre à l'État de toucher un dividende de 2 milliards d'euros

Comment faire face à cette hausse attendue ? 

Face à ce changement significatif pouvant affecter vos finances, nous vous conseillons d’adopter deux stratégies pour vous protéger de cette hausse attendue en 2026 :  

  • opter dès aujourd’hui pour des offres de marchés à prix fixe : ce type de contrat permet d’avoir la certitude que le prix de l’électricité (hors taxes) que vous payez restera fixe durant une période allant jusqu’à 3 ans. Ainsi, vous éviterez les hausses brutales ;
  • suivre l’évolution des prix de l’électricité : une meilleure information vous permet de maintenir un certain contrôle sur votre facture, en choisissant le bon moment pour changer d’offre.

Par ailleurs, Hello Watt plaide pour une prolongation du dispositif de l’ARENH au-delà de 2025. Une telle mesure permettrait aux particuliers et aux professionnels de continuer de bénéficier de l’avantage du parc nucléaire qui, rappelons-le, a déjà été amorti et financé pas les contribuables et consommateurs des années 1980 à ce jour.

Ghaniya Serier
Ghaniya Serier

Rédactrice experte énergie

Étudiante en Master de Rédaction Professionnelle, Ghaniya rejoint Hello Watt en 2025 pour traiter des sujets liés à l’énergie. Passionnée par la création de contenu, elle se donne pour mission d’informer et guider les consommateurs vers des choix plus responsables et durables.

Commentaires
Braun
 - 28 février 2025

Toujours agreable d’avoir une personne compétente qui nous éclaire de ses conseils avisés. Merci. Cdt

Perrat
 - 28 février 2025

Intéressant

Ravaut
 - 2 mars 2025

Je lis toujours avec grand intérêt les articles que vous publiez et qui permettent d’être maintenu informé

Merci à vous et continuez ainsi

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