La CRE prévoit une évolution des heures creuses d’ici novembre 2025

Exemple de répartition possible des nouvelles heures pleines/heures creuses

Quelles sont les évolutions prévues pour les heures creuses ?

Des heures creuses déplacées en journée

Le principal changement prévu par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) est le déplacement de certaines heures creuses en journée. Actuellement, seuls 40 % des usagers (5,7 millions) de l’option tarifaire heures pleines/heures creuses (HP/HC) bénéficient d’un tarif avantageux à la fois pendant la nuit et en journée.

À terme, 90 % des utilisateurs, soit 13,1 millions de personnes, pourront profiter d’un prix du kWh moins cher certaines heures de la journée et de la nuit. 

Le principe est de déplacer certaines heures creuses de la nuit, celles qui sont le moins utilisées, entre 11h et 17h en journée. Ces plages horaires correspondent aux pics de production d’énergie solaire.

Cependant, la refonte des heures creuses prévoit de conserver au moins 5 heures creuses consécutives la nuit, notamment pour le fonctionnement des chauffe-eaux et la recharge des voitures électriques. La CRE prévoit pour le moment un maximum de 3h creuse en journée, exclusivement sur la plage horaire 11h - 17h. Un bilan de cette réforme sera réalisé en 2027 pour décider si plus d’heures creuses doivent être mise en journée, avec pourquoi pas, plus de 8h creuses par 24h.

Des grilles d’heures creuses différentes en été et en hiver

En plus de déplacer des heures creuses en journée, la CRE a annoncé que celles-ci seraient différentes en été, d’avril à octobre, et en hiver, de novembre à mars. Décaler les plages d’heures creuses pendant les mois les plus ensoleillés permet, là aussi, de les faire coïncider avec la production d’électricité des panneaux solaires, plus abondante en été.

Une évolution progressive à partir de novembre 2025

Le changement des heures creuses débutera le 1ᵉʳ novembre 2025 et s’étalera jusqu’à la fin de l’année 2027. Le gestionnaire du réseau de distribution, Enedis, communiquera les nouvelles plages horaires des heures pleines et des heures creuses aux fournisseurs d’électricité 6 mois avant leur entrée en vigueur.

Ces derniers devront ensuite avertir leurs clients du changement 1 mois avant qu’il ne soit effectif. Cette évolution, étalée sur un peu plus de 2 ans, se fera région par région, les heures creuses étant définies localement par Enedis selon plusieurs critères tels que : 

• le niveau d’ensoleillement d’une zone géographique donnée ;
• les capacités de production d’électricité à l’échelle locale ;
• les habitudes de consommation de la région.

Le choix de novembre 2025 pour commencer cette évolution s’explique par deux raisons. D’abord, cela laisse suffisamment de temps aux fournisseurs, aux gestionnaires du réseau et aux consommateurs pour préparer ce changement. D’autre part, instaurer les nouvelles heures creuses au début de la période de chauffe, en novembre, permet de mesurer son impact direct. Différer cette évolution selon les régions est également un moyen de comparer ses effets avec les zones qui ne sont pas encore concernés.

Enfin, la période 2025/2028 est considérée comme une sorte de phase de test, visant à ne pas modifier trop brutalement les usages des consommateurs. Ainsi, un premier bilan avec des réajustements aura lieu en 2027.

Quel impact aura l’évolution des heures creuses ?

Un changement des habitudes de consommation

Ce déplacement des heures creuses en journée va encourager les consommateurs à revoir leurs utilisations des appareils électriques. Par exemple, il est difficile pour ceux qui vivent en appartement de faire fonctionner leur machine à laver en heures creuses si celles-ci sont la nuit, au risque de déranger le voisinage.

Grâce aux nouvelles plages horaires en journée, il sera plus facile de programmer son lave-linge (ou d’autres appareils énergivores) à des moments où l'électricité est moins chère. Il en va de même pour de nombreux équipements, mais aussi pour ceux qui fonctionnent généralement la nuit. En effet, s’il y a moins d’heures creuses pendant la nuit, il faudra probablement adapter les horaires de votre chauffe-eau ou de votre borne de recharge pour véhicule électrique, si vous possédez ces équipements.

Les propriétaires des véhicules électriques, habitués à recharger leurs batteries en heures creuses durant la nuit, auront une fenêtre plus réduite pour cela. Ceux qui sont au travail en journée, avec leur véhicule, ne profiteront pas des heures creuses de l’après-midi pour recharger celui-ci.

Enfin, cette réforme des heures creuses ne devrait pas trop modifier les habitudes de consommation des propriétaires de panneaux photovoltaïques. Déjà habitués à consommer en journée lorsque leurs panneaux produisent, ces derniers risquent toutefois de voir la rentabilité de leurs panneaux impactée.

En effet, la rentabilité des installations solaires était calculée en heures pleines, qui vont désormais passer en heures creuses. De plus, il y aura moins d’heures creuses le soir et la nuit, lorsque les panneaux ne produisent plus, ce qui pourrait faire augmenter légèrement le prix de leur consommation réseau.

Par ailleurs, les producteurs solaires qui sont équipés de batteries de stockage pour voir leurs habitudes impactées par l’entrée en vigueur du nouveau TURPE 7. Cette nouvelle version du tarif d’utilisation du réseau public d’électricité prévoit de nombreuses innovations concernant le stockage et son intégration au réseau.

5 heures creuses garanties chaque nuit

Néanmoins, il y aura tout de même 5 heures creuses consécutives garanties chaque nuit, ce qui permet d’effectuer la plupart des consommations habituelles. Si la CRE garantit 5 heures creuses consécutives la nuit sur tout le territoire, la plage exacte pourra tout de même varier d’une région à l’autre. C’est Enedis qui déterminera précisément ces plages horaires en fonction de spécificités de chaque région.

Plus d’heures creuses en journée offrira donc la possibilité à certains ménages de réaliser des économies, mais nécessitera aussi une certaine adaptation pour d’autres. Les ménages travaillant en journée pourront moins bénéficier de cette réforme, comme les propriétaires de véhicules électriques qui ne pourront pas charger chez eux la journée. Développer davantage de bornes publiques, avec un tarif heures creuses, pourrait compenser ce désavantage.

Des impacts variables en fonction de votre situation

Pour vous aider à mesurer l’impact de cette réforme des heures creuses, voici un récapitulatif de ses principaux effets dans différents cas de figure : 

Du changement pour les batteries de stockage ?

Une autre nouveauté du TURPE 7 concerne les propriétaires de panneaux solaires équipés d’une batterie de stockage. Actuellement, le modèle économique encourage l’autoconsommation solaire, le surplus de production étant donc stocké sur la batterie pour une utilisation ultérieure, généralement la nuit lorsque les panneaux ne produisent plus.

La nouvelle réglementation incite les gestionnaires de réseaux et les fournisseurs à faire preuve de plus de flexibilité, notamment via : 

• un tarif réseau optionnel : il permettrait aux propriétaires de batterie de soutirer de l’électricité en heures creuses pour la stocker en vue d’une utilisation en heures pleines ;
• des raccordements intelligents : dans certaines zones tendues, la batterie de stockage pourra être amenée à se charger en heures creuses et à se décharger en heures pleines, soit aux moments opportuns pour stabiliser le réseau.

Ce changement de gestion de l’électricité solaire domestique pourrait représenter une réelle opportunité d’économie pour les propriétaires de batterie et apporter une solution pour une meilleure gestion du réseau électrique. Voici les avantages potentiels et les limites d’un tel fonctionnement : 

Notez que les modalités du TURPE 7 concernant le stockage de l’électricité reste encore à préciser par la CRE. Toutefois, un propriétaire de panneaux solaires avec une batterie de stockage pourrait économiser plusieurs dizaines d’euros par an en chargeant celle-ci en heures creuses. Le montant précis de ces économies dépend du différentiel de tarif entre les heures pleines et les heures creuses, ainsi que de la capacité et de la puissance de sa batterie.

Par exemple : 

1. en considérant 3h creuses en journée, avec une batterie d’une capacité de 10 kWh et d’une puissance de 3,6 kWh. Celle-ci peut en théorie charger intégralement en heures creuses si elle est vide, mais la charge réelle en 3h est plutôt d’environ 6 kWh ;
2. le prix du kWh en heures pleines au Tarif Bleu étant de 0,2146 € et celui en heures creuses de 0,1696 €, le différentiel est de 0,045 €, soit 0,27 € pour une charge de 6 kWh ;
3. ainsi, en chargeant sa batterie en heures creuses 3 fois par semaine à hauteur de 6 kWh, un ménage pourrait économiser 3,24 € par mois, soit 39 € environ à l’année.

Une gestion optimisée du réseau de distribution d’électricité

Un des effets indésirables des heures creuses est de créer des pics de consommation artificiels, notamment le soir, car tout le monde y reporte sa consommation. En réorganisant la grille horaire des heures creuses, ces pics de consommation auront tendance à diminuer et le réseau devrait être plus à l’équilibre.

Par ailleurs, ce nouveau système devrait permettre d’intégrer plus facilement les énergies renouvelables au réseau de distribution. En poussant les usagers à consommer lorsque le niveau de production d’énergies renouvelables, particulièrement solaire, est élevé, Enedis assure l’équilibre du réseau. En effet, cela permet une meilleure disponibilité de l’électricité non-renouvelable, nucléaire entre autres, à d’autres moments, par exemple le soir, grâce à une répartition plus équilibrée de la consommation.

Pourquoi les heures creuses évoluent-elles ?

Un modèle basé sur le nucléaire

Au départ, le modèle classique des heures pleines/heures creuses répondait aux contraintes de la production nucléaire, qui est constante. En effet, la France est alimentée en majeure partie par le parc nucléaire d’EDF.

Le principe initial était donc d’encourager la consommation nocturne, lorsque le réseau est le moins sollicité, pour que la demande ne dépasse pas l’offre disponible en journée. L’électricité étant difficile à stocker en quantité, elle est généralement consommée au rythme où elle est produite. Il faut ainsi constamment trouver un équilibre pour que le réseau puisse satisfaire la demande et que la production soit utilisée au maximum.

Une révision pour intégrer les énergies renouvelables

Ainsi, la révision du modèle tarifaire des heures pleines et des heures creuses vise à intégrer davantage les énergies renouvelables, qui pèsent de plus en plus dans le mix énergétique français. L’idée est de concentrer une partie de la consommation au moment où la production d’énergies renouvelables est au plus fort.

Si une partie de la consommation globale est absorbée par le parc de production d’énergie renouvelable, la dépendance au nucléaire diminue. Par ailleurs, si les centrales sont moins sollicitées en journée, leur production peut couvrir plus facilement le reste de la consommation, le soir et la nuit, sans risquer de saturation du réseau.

Cette réforme des heures creuses s’inscrit donc dans la logique de la transition énergétique amorcée par la France il y a de cela plusieurs années.

Un potentiel impact sur les prix de l’électricité ?

S’il est trop tôt pour le dire, on peut toutefois imaginer que cette refonte des heures creuses aura un impact sur les prix de l’électricité. En effet, une optimisation de la consommation d’énergie renouvelable pourrait entraîner une baisse des prix à long terme grâce à : 

• la réduction des coûts de production d’électricité : les coûts marginaux du renouvelable étant relativement faibles, une meilleure intégration aurait pour effet de faire baisser le coût global de la production d’énergie ; 
• la stabilisation des prix : l’intermittence de la production renouvelable entraîne une volatilité des prix et, en cas de surproduction, des prix négatifs sur les marchés de gros. Une gestion optimisée permettrait de réduire ces fluctuations ainsi que les pertes pour les producteurs, permettant ainsi des prix plus stables.

Toutefois, il faut garder en tête que cette réforme vise avant tout à optimiser l’utilisation du réseau. Son impact sur les prix à court terme devrait donc être relativement limité. Ce n’est qu’à long terme qu’une meilleure intégration du renouvelable pourra permettre de stabiliser les prix, si tant est qu’un autre aléa ne vienne pas perturber les marchés.