À l’heure de la montée en flèche des énergies renouvelables dans le mix énergétique, la question du greenwashing se pose. Comment entre-t-il en action dans le domaine de l’énergie ? Quel est son impact et comment ne pas tomber dans le piège ? Quels sont les vrais fournisseurs d’électricité verte ?

Le greenwashing, ce qu'il faut retenir :

  • le greenwashing (ou écoblanchiment), c’est le fait pour une entreprise d’induire le consommateur en erreur en utilisant l’argument écologique alors qu’en réalité, son engagement pour l’environnement est inexistant ou presque ;
  • le greenwashing est pratiqué dans de très nombreux secteurs industriels (mode, cosmétique, automobile…) et celui de l’ énergie verte en fait partie ;
  • l’écoblanchiment est pointé du doigt, car il réduit le sentiment d’urgence écologique et impacte négativement les vraies causes environnementales ;
  • des actions sont menées par certaines ONG pour faire face au greenwashing ;
  • des garanties et labels existent afin d’identifier les fournisseurs d’énergie vraiment verts.

Qu’est-ce que le greenwashing ?

En quoi consiste le greenwashing ?

Le greenwashing est le terme employé pour pointer du doigt les entreprises qui utilisent l’argument écologique sans pour autant le prendre en compte dans leurs pratiques réelles. En prétendant se préoccuper de l’environnement plutôt qu’en devenant des acteurs responsables de la protection environnementale, elles redorent leur image auprès du grand public.

Connaître son sujet

Il est possible de donner une traduction au mot greenwashing, bien que l’anglicisme soit le plus employé. Écoblanchiment, blanchiment écologique et blanchiment vert sont tous trois des termes qui désignent cette pratique.

Le greenwashing passe par des techniques de communication et de marketing qui prônent l’engagement écologique ou encore les bienfaits pour la planète. En parallèle, les entreprises accusées de greenwashing sont souvent la cause d’activités polluantes ou font du moins partie d’un secteur au lourd bilan écologique. Cette pratique peut donc être assimilée à de la publicité mensongère.

Par exemple, l’utilisation d’un emballage plastique ou d’un packaging non recyclable pour un produit qui se veut “green” peut faire douter sur la sincérité de la démarche d’une entreprise.

À savoir

Le terme greenwashing combine les mots “green” pour l’aspect vert dans le sens écologique, et “washing” qui provient directement de “brainwashing”

Quelques exemples de greenwashing

Les exemples de greenwashing sont nombreux, quel que soit le secteur. Dans l’industrie de la mode, l’entreprise H&M a beaucoup fait parler d’elle et s’est vue accusée de pratiquer l’écoblanchiment à plusieurs reprises. S’agissant d’une marque spécialiste de la fast fashion, ou mode éphémère en français, la communication autour de sa collection “H&M conscious” (produite à partir de matières écoresponsables) en a fait douter plus d’un. En effet, la démarche est questionnable, car il ne s’agit que d’une collection parmi tant d’autres, et qui ne communique même pas sur la part de matières écoresponsables utilisées.

L’industrie de la cosmétique est également très touchée par l’écoblanchiment. Maquillage non testé sur les animaux, fabriqué à partir d’éléments naturels… Ces démarches durables, souvent mises en avant dans la publicité, ne sont pas toujours appliquées. Par exemple, Yves Rocher est régulièrement accusé de greenwashing pour sa cosmétique, dont la communication tourne autour du bio et du végétal, alors qu’en pratique, la composition de certains de leurs produits comporte des éléments industriels et/ou chimiques.

Le secteur de l’énergie ne fait pas exception à la pratique du greenwashing. Dans cette industrie, il s’agit plutôt du fait que de nombreux fournisseurs proposent des offres de biogaz et d’électricté verte, mais investissent en parallèle bien davantage dans les énergies fossiles ou nucléaires. C’est par exemple le cas des géants de l’industrie énergétique, comme EDF ou TotalEnergies, mais aussi de plusieurs autres entreprises de ce secteur, dont l’activité est difficilement écologique.

Début mars 2022, trois ONG (GreenPeace, Les Amis de la Terre France et Notre Affaire à tous) ont d’ailleurs déposé un recours contre TotalEnergies suite au changement de nom de l’entreprise, qui orientait à l’occasion sa campagne de communication sur son rôle majeur dans la transition énergétique. Pour les trois ONG, il s’agit d’une communication commerciale trompeuse, puisque 90 % des activités de l’entreprise gravitent autour de l’ énergie fossile.

Aux yeux de TotalEnergies, qui s’est fixé l’objectif d’une neutralité carbone d’ici à 2050, cette assignation en justice est injustifiée à l’heure où ses émissions de carbone ont baissé de 23 % entre 2015 et 2021.

Areva a également fait réagir avec son film épopée de l’énergie , qui traite l’ énergie nucléaire comme une énergie verte. Pourtant, si le nucléaire a l’avantage de ne pas produire d’émissions carbone, elle reste responsable de nombreux dégâts écologiques, comme les déchets nucléaires ou l’extraction très polluante de sa matière première, l’uranium.

Pourquoi le greenwashing est-il dangereux ?

Le greenwashing réduit le sentiment d’urgence écologique

À force de voir régulièrement des campagnes en faveur du développement durable, de la neutralité carbone ou encore de la transition énergétique, les consommateurs sont facilement induits en erreur sur la réalité de la situation.

Ainsi, comme le souligne l'une des architectes de l'accord de Paris pour le climat :

Le greenwashing est aujourd’hui le nouveau déni climatique."
Laurence Tubiana

Même en étant bien intentionnés, certains consommateurs vont ainsi s’orienter vers un produit qui, en réalité, n’aide en rien la lutte environnementale.

Ce manque de transparence éloigne finalement les marques et produits qui auraient un réel impact écologique. De la même manière, les marques déjà existantes qui pratiquent l’écoblanchiment restent sur le devant de la scène et font de l’ombre aux innovations positives pour l’environnement, qui sont donc ralenties.

Le greenwashing porte préjudice aux vrais engagements écologiques

Rassurez-vous : toutes les entreprises ne pratiquent pas le greenwashing. Malheureusement, la pratique répétitive de l’écoblanchiment fait douter les consommateurs sur la véracité de certains engagements, et à juste titre. Cela dessert alors les marques réellement respectueuses de l’environnement, mais aussi les actions de sensibilisation mises sur le devant de la scène par les pouvoirs publics.

Pour les consommateurs avertis, conscients de la fréquence de cette pratique déloyale, il devient difficile d’identifier les entreprises dont les démarches sont sincères.

Heureusement, la publication d’un bilan RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) est aujourd’hui obligatoire en France. Ainsi, les consommateurs peuvent éventuellement s’informer sur le bilan des démarches qu’entreprennent les marques sur lesquelles ils ont des doutes.

Comment lutter contre le Greenwashing ?

Apprendre à reconnaître le greenwashing

Le meilleur moyen de ne pas tomber dans le piège du greenwashing est d’apprendre à le repérer. Pour certaines entreprises, dont le secteur d’activité est reconnu comme très polluant, il n’est pas difficile de se poser des questions face à de potentielles pratiques d’écoblanchiment. Mais pour d’autres entreprises, dont on ne connaît pas forcément l’impact environnemental, cela peut être plus compliqué.

Un bon moyen de repérer le greenwashing consiste à se renseigner sur la marque en question, mais aussi sur ses modes de production (local ou délocalisé, composants utilisés, présence de labels reconnus, etc.).

Les labels sont effectivement d’excellents indicateurs. Mais là aussi, attention à ne pas tomber dans le piège des labels qui ne veulent pas dire grand-chose… Renseignez-vous par exemple sur leur signification et sur leur facilité d’obtention.

Certains indices visuels peuvent aussi vous donner la puce à l’oreille. Par exemple, l’utilisation de la couleur verte est très répandue dans les pratiques de greenwashing : elle rappelle en effet la nature et l’écologie. La présence de photos de paysages (forêts, champs immenses, plantes à tout va…) peut également parfois cacher une communication mensongère.

Attention toutefois à ne pas voir le mal partout : rien ne sert de fuir les packagings verts. Mieux vaut se renseigner sur le produit de votre attention, qui fait peut-être partie de ceux réellement impliqués dans le développement durable.

Les ONG en action contre le greenwashing

Actuellement en France, il n’existe pas d’actions concrètes pour punir la pratique abusive du greenwashing. Seule l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP) peut éventuellement avoir son mot à dire, mais il n’est pas en son pouvoir de prononcer des sanctions légales face à cette pratique.

L’ADEME a, quant à elle, publié un guide anti-greenwashing à destination des entreprises, afin de les instruire sur le sujet et d'éviter ainsi qu’elles tombent dans l'écoblanchiment.

Face à ce manque de réactivité de la part de l’État (l’Ademe et l’ARPP comptent sur une autorégulation de la part des entreprises), certaines ONG mettent la main à la pâte et luttent contre la pratique de l’écoblanchiment.

Par exemple, dans le domaine de l’énergie, Greenpeace établit chaque année un classement des fournisseurs énergétiques selon leur engagement écologique, mais aussi l’impact environnemental de leur activité.

Les Amis de la Terre ont mis en place, en 2008, la remise du prix pinocchio. Il s’agit en réalité d’un “ anti-prix ”, décerné aux entreprises françaises au discours écologique, mais dont les actions ne suivent pas. La remise de prix concerne trois catégories :

  • la catégorie des droits humains “ Une pour tous, tout pour moi !” ;
  • la catégorie environnementale “Mains sales, poches pleines” ;
  • la catégorie greenwashing “Plus vert que vert”.

Remis de 2008 à 2015, puis à nouveau en 2020, le prix greenwashing est par exemple tombé entre les mains d’Areva, EDF, TotalEnergies (Total à l’époque) ou encore Air France.

Les garanties et labels qui protègent du greenwashing

Puisque certains fournisseurs d’énergie mettent en avant leur engagement écologique sans posséder de label reconnu, la question de la transparence des informations données au grand public entre en action. Pour qu’une offre d’énergie soit considérée verte, il faut qu’elle soit issue des énergies renouvelables comme l’ énergie éolienne, l’énergie photovoltaïque ou encore l’énergie hydraulique.

La garantie d’origine

En France, la mise en place d’une garantie permet de rassurer le consommateur sur la provenance de son énergie. En effet, pour commercialiser de l’électricité verte, les fournisseurs français doivent acheter des certificats de garanties d’origine auprès des producteurs d’énergies renouvelables, proportionnellement à la quantité d’électricité qu’ils vendent.

Cette garantie a été mise en place en 2012 pour répondre à la problématique de la mutualisation du réseau électrique européen.

La mutualisation, c’est quoi ?

La mutualisation signifie que toutes les sources d’énergie sont mélangées dans le réseau de distribution électrique. On ne peut donc pas faire la différence entre les énergies fossiles, renouvelables ou nucléaires. Si votre énergie provient d’un fournisseur vert, cela ne signifie pas que vous ne consommez que de l’électricité propre, mais le mix de toutes les électricités produites en Europe.

Dès lors, le principe de la garantie d’origine est de certifier aux consommateurs ayant souscrit à une offre d’électricité verte que l’électricité qu’ils consomment sera produite dans les mêmes quantités par des sources d’énergie verte, puis injectée dans le réseau de distribution mutualisé.

Souscrire un contrat auprès d’un fournisseur qui détient des garanties d’origines, c’est encourager le développement durable et la production des énergies renouvelables.

Le label VertVolt

La garantie d’origine est une bonne initiative, mais reste toutefois limitée puisqu’elle ne garantit pas la consommation d’électricité renouvelable. Il est alors possible pour les fournisseurs d’énergie verte d’obtenir la labellisation écologique VertVolt, qui répond à une charte précise et est plus exigeante que la garantie d’origine. Faisant l’objet de contrôles externes et indépendants, le label VertVolt a été impulsé par l’ADEME en 2021 et concerne les offres d’électricité uniquement. Il s’agit d’un label à deux niveaux, qui reflète l’importance de l’engagement écologique des fournisseurs énergétiques.

  1. Le niveau “engagé” demande l’achat de garanties d’origines, mais aussi de l’électricité qui a permis la création de ces certificats précis. Le fournisseur d’électricité achète donc l’ensemble à un même producteur d’énergies renouvelables français.
  2. Le niveau “très engagé” demande les mêmes conditions que le premier niveau, mais rajoute qu’au moins 25 % de l’électricité produite ou achetée doit provenir d’une installation créée après 2015 n’ayant pas bénéficié de soutien public ou d’une installation faisant l’objet d’une gouvernance partagée.

Label VertVolt

Même si le réseau de distribution reste mutualisé, le label VertVolt permet au consommateur de consommer une électricité aussi verte et responsable que possible. En s’orientant vers des fournisseurs énergétiques labellisés, il contribue au développement des énergies renouvelables en France.

Non aux idées reçues

Les offres d’électricité verte ne sont pas forcément plus chères que les offres classiques. Certaines sont même moins chers que les tarifs réglementés.

Le guide des fournisseurs vraiment verts

Pour identifier les vrais fournisseurs verts, la garantie d’origine et le label VertVolt sont essentiels. Afin de vous guider dans votre démarche de transition énergétique, nous avons repéré pour vous les fournisseurs d’énergie vraiment verte, labellisés VertVolt.

Fournisseur

Offre verte

Niveau du label

Provenance de l'électricité

Enercoop

Enercoop - Particuliers

Très engagé

Hydroélectricité et énergies marines (19,5 %), éolien (71,7 %), photovoltaïque (7,6 %), gaz renouvelable (1,1 %)

GEG

Yéli circuit court

Très engagé

Hydroélectricité et énergies marines (100 %)

GEG source d'energies

Yéli circuit court

Très engagé

Hydroélectricité et énergies marines (36,3 %), photovoltaïque (63,4 %)

Alterna

Électricité verte 100 % locale

Très engagé

Hydroélectricité et énergies marines (5,2 %), photovoltaïque (14,3 %), éolien (80,5 %)

Ilek

Mon producteur local très engagé

Très engagé

Hydroélectricité et énergies marines (15,3 %), Photovoltaïque (5,8 %), bois énergie (78,9 %)

Panète OUI

Offre locale Roanne

Très engagé

Photovoltaïque (100 %)

Plüm Énergie

Éco-conso ultra locale

Très engagé

Photovoltaïque (100 %)

Planète OUI

Éco

Engagé

Photovoltaïque (25,9 %), éolien (74,1 %)

Ilek

Mon producteur local

Engagé

Hydroélectricité et énergies marines (12,6 %), éolien (87,4 %)

ENGIE

Option VertElec+ happ-e

Engagé

Eolien (100 %)

EDF

Vert Électrique Régional

Engagé

Eolien (100,2 %)

Plüm Énergie

Éco-conso

Engagé

Photovoltaïque (9,1 %), éolien (90,9 %)

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Choisir une énergie verte permet de soutenir la production d’énergies renouvelables. Plus la demande en énergies renouvelables augmentera, plus les fournisseurs investiront dans l’énergie propre.

Foire à questions

Pourquoi certaines entreprises font du greenwashing ?

Par définition, le principe du greenwashing est de redorer l’image de marque d’une entreprise. En utilisant l’argument écologique dans sa communication, elle sera vue d’un bon œil par les consommateurs. Il s’agit d’une campagne de marketing malhonnête, qui induit en erreur sur les démarches réellement pratiquées par les entreprises.

Comment éviter le greenwashing ?

Afin de ne pas tomber dans le piège tendu par l’écoblanchiment, il est important de savoir le reconnaître. Certains indices peuvent vous donner la puce à l’oreille :

  • la couleur verte placardée sur l’ensemble du packaging ;
  • le champ lexical de la nature ;
  • la présence d’images de type paysages ;
  • la présence de labels qui ne veulent rien dire ;
  • une composition qui ne respecte pas les promesses de la marque (présence de produits chimiques pour un produit qualifié de “naturel”, par exemple) ;
  • l’utilisation du plastique pour un produit qualifié “vert”, etc.

Comment savoir que mon fournisseur énergétique est vraiment vert ?

Le label VertVolt, créé par l’ADEME en 2021, permet d’être certain de s’engager auprès d’un fournisseur énergétique responsable et vraiment vert. Il respecte une charte précise et plus exigeante que la garantie d’origine et fait l’objet de contrôles externes et indépendants.

Camille Grau
Camille Grau

Rédactrice experte rénovation énergétique

Camille rejoint Hello Watt après un Master en Rédaction Professionnelle. Sensible aux sujets écologiques, elle vous aide à vous tourner vers une consommation responsable qui fait du bien au portefeuille et à la planète !