L’usine de panneaux solaires française Systovi écrasée par la concurrence chinoise

Faillites en cascade parmi les fabricants européens

L’hécatombe continue pour les usines européennes de fabrication de panneaux solaires. En janvier 2024, le groupe néerlandais Exasun a déposé le bilan. En février, Meyer Burger, la principale usine photovoltaïque d’Allemagne, a annoncé sa délocalisation aux États-Unis après seulement trois ans d’activité. Le 17 avril, l’usine française Systovi, basée à Carquefou (Loire-Atlantique), a annoncé être cessé ses activités, après avoir en vain cherché un repreneur. 

Systovi, qui prévoyait de vendre 150 000 panneaux en 2023, n’a réussi à en écouler que 70 000. L'usine, qui comptait 87 salariés, a été contrainte de mettre la clé sous la porte. Systovi était l’une des deux seules usines françaises de fabrication de panneaux solaires. 

La raison de cette crise ? La concurrence féroce des giga-usines chinoises, qui a fait s’effondrer les prix depuis un an. Les prix des panneaux solaires vendus en Europe ont diminué de 25 % depuis janvier 2023. Alors que les panneaux solaires chinois sont vendus trois à quatre fois moins chers que les panneaux européens, l’argument du made in Europe ne permet plus de justifier la différence de prix. 

Des panneaux chinois écoulés en masse en Europe 

Au début des années 2010, l’Europe représentait un tiers de la production mondiale des panneaux solaires. Aujourd’hui, les entreprises chinoises contrôlent plus de 80 % du marché mondial du photovoltaïque. Le processus s’est accéléré l’année dernière : en 2023, le marché européen a été plus que jamais submergé de panneaux chinois à bas prix. 

En effet, l’Inde a instauré des mesures protectionnistes contre les panneaux solaires chinois, tout comme les États-Unis, qui ont introduit en 2022 un plan en faveur des énergies renouvelables, l’Inflation Reduction Act, qui impose des critères stricts aux usines exportatrices. 

En Europe, en revanche, les taxes sur la vente de panneaux solaires chinois, mises en place en 2013, ont été levées en 2018, car elles défavorisaient le développement du solaire en Europe. Par conséquent, en 2023, l’Europe est devenue l’un des seuls marchés ouverts à la Chine, qui y a massivement écoulé sa surproduction. 

Vers un protectionnisme européen pour protéger la filière solaire ?

Les États membres semblent réticents à l’idée d’instaurer des taxes qui pourraient entraver le déploiement du solaire. Les fabricants européens fondent leurs espoirs sur le projet de règlement européen Net-Zero Industry Act – c’est-à-dire “loi sur l’industrie à zéro émission”. Ce règlement devrait imposer un minimum de 40 % de production européenne dans les filières clés de la transition écologique, dont fait partie le solaire.

Cependant, les textes doivent encore être remaniés pendant plusieurs mois, et une fois adoptés, ils ne seront pas applicables avant douze à dix-huit mois. Tout laisse à craindre que les industriels français et européens ne pourront pas tenir jusque-là.