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Hello Watt installe des panneaux solaires dans toute la France, dans un contexte en pleine mutation avec la révision du soutien public. Pour partager avec nos lecteurs un regard d’expert sur ces évolutions, nous avons rencontré Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), qui fédère 500 acteurs en lien avec la production d’énergie renouvelable.
Il a accepté de répondre à nos questions et nous partage son analyse de l’évolution du soutien au photovoltaïque résidentiel, ainsi que des enjeux du développement des renouvelables et des atouts structurels dont la France dispose pour accélérer sa transition énergétique.
Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) est un syndicat professionnel qui regroupe l'ensemble des acteurs entretenant un lien direct ou indirect avec la production d’énergie renouvelable.
Nous comptons environ 500 adhérents, parmi lesquels de grands énergéticiens français et européens, des industriels et des fabricants de panneaux solaires, mais aussi des cabinets de conseils, des bureaux d’études, des cabinets d’avocats, et de nombreuses structures issues des collectivités locales.
Nous couvrons l’ensemble des filières de l’énergie renouvelable : non seulement l'électricité, mais aussi le gaz renouvelable, la chaleur et le froid renouvelables, dont le chauffage au bois, par exemple.
Avant de parler de baisse des aides, il faut souligner qu’il s’agit avant tout d’une transformation du mode de soutien. Le tarif d’achat a été sensiblement revu à la baisse, mais en contrepartie, un taux réduit de TVA à 5,5 % doit s’appliquer à l’ensemble des installations — du moins en théorie. On assiste donc à une reconfiguration du dispositif de soutien.
La transition énergétique ne pourra pas se faire sans investissement, notamment public, mais il faut être conscient que la situation budgétaire est très contrainte. La filière solaire ne doit pas donner le sentiment d’ignorer ces réalités financières. C’est pourquoi nous cherchons des mécanismes qui optimisent au mieux le soutien budgétaire.
Dans cet esprit, nous avons soutenu la logique consistant à encourager l’investissement des particuliers via une baisse de la TVA. L’idée est de privilégier l’autoconsommation, afin de limiter les volumes d’électricité injectés sur le réseau et vendus à EDF Obligation d’Achat.
Cependant, la manière dont cette réforme a été mise en place est très problématique. La baisse du tarif d’achat est entrée en vigueur dès le mois de mars, tandis que la baisse de la TVA – qui découle de la loi de finances pour 2025 – ne s’appliquera qu’à partir du mois d’octobre. La baisse du tarif d’achat étant une décision par arrêté, il aurait été relativement simple de la faire coïncider avec celle de la TVA. Ce décalage est très pénalisant.
TVA des panneaux solaires
Actuellement, les installations photovoltaïques d’une puissance inférieure ou égale à 3 kWc bénéficient d’un taux de TVA à 10 %. Les installations d’une puissance supérieure à 3kWc sont soumises à un taux de TVA classique à 20 %.
À partir du 1ᵉʳ octobre 2025, la TVA sur l’installation de panneaux photovoltaïques de moins de 9 kWc devrait passer à 5,5 %.
C’est assez difficile à identifier, dans la mesure où le contexte économique est incertain. Par ailleurs, après un boom l’année dernière, la demande des particuliers souhaitant installer des panneaux solaires tend naturellement à se stabiliser.
Cela étant dit, oui, il me semble que le décalage entre la baisse du tarif d’achat et celle de la TVA incite un certain nombre de ménages à différer leur projet.
Le Syndicat des énergies renouvelables n’est pas favorable à des conditions d’accès trop restrictives à la TVA à 5,5 %.
À ce jour, nous ne disposons d’aucune information précise quant aux modalités concrètes d’application de cette mesure. Cette incertitude devient d’ailleurs préoccupante. Le SER s’apprête à écrire au cabinet du ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Marc Ferracci. Il y a urgence à entrer dans le fond de la rédaction de ces conditions d’application.
Les particuliers vont être incités, d’une part, à dimensionner leur installation photovoltaïque en fonction de leurs besoins réels de consommation électrique. Ils n’ont donc pas intérêt à faire des installations trop grosses.
D’autre part, en effet, ils doivent réfléchir à la manière de piloter et d’optimiser leur consommation électrique, pour la synchroniser autant que possible avec les périodes de production de leurs panneaux.
Enfin, certains envisageront sans doute l’installation de batteries, afin d’étendre la plage d’utilisation de leur production d’électricité.
En effet, compte tenu du développement général de l’électrification et de la mobilité électrique, les progrès technologiques sur les batteries devraient encore entraîner une baisse de leur coût.
Aujourd’hui, leur prix n’est plus prohibitif, mais les batteries représentent malgré tout un surcoût, qu’il faut évaluer en regard des bénéfices apportés, sauf à les installer pour des raisons militantes, dans une logique de réduction maximale de la dépendance au réseau.
Cela étant dit, la batterie n’est pas forcément la solution magique. Elle ne doit pas se substituer à une réflexion de fond sur la manière de concentrer sa consommation aux heures où les panneaux produisent. Faute de quoi, il faudrait recourir à des capacités de stockage énormes pour capter tout le surplus de production !
Et il ne faut pas oublier que leur fabrication mobilise des ressources limitées, même si le recyclage progresse. Il faut donc éviter une approche “confortable” au détriment de l’optimisation de son autoconsommation.
Quand on parle de surproduction d’électricité, cela signifie que l’ensemble des moyens de production y contribuent. Il n’y a aucune raison de cibler une filière plutôt qu’une autre. Nous avons besoin de toutes les filières électriques.
Si nous voulons sortir de notre dépendance aux énergies fossiles – dont ni la France, ni les autres pays de l’Union européenne ne disposent – la voie privilégiée est l’électrification de nos usages. Il faudra produire davantage d’électricité. Chercher à ralentir le développement d’une filière au prétexte qu’il y a de la surproduction n’a donc aucun sens.
Évidemment, le solaire ne produit pas d’électricité à minuit, mais nous le savons depuis toujours. Le défi consiste désormais à intégrer, dans notre système électrique, une production qui varie au fil de la journée. La surproduction est donc une bonne nouvelle : cela signifie qu’il y a de l’électricité disponible et peu coûteuse. Profitons-en pour accélérer l’électrification de nos usages.
Lors du développement massif du parc nucléaire, dont la production est relativement constante, il a bien fallu apprendre à gérer une demande variant selon l’heure, le jour ou la saison. C’est ainsi que furent mis en place des dispositifs d’équilibrage comme les contacteurs jour/nuit, les chauffe-eaux électriques, ou encore les systèmes de stockage hydraulique. C’étaient les solutions des années 1980.
Aujourd’hui, nous devons être capables d’inventer des systèmes tout aussi intelligents.
Les énergies renouvelables sont compétitives sous certaines conditions. Encore faut-il qu’elles ne soient pas entravées par des réglementations ou des contraintes qui freinent leur déploiement.
Ce que j’observe, c’est que les programmations énergétiques élaborées à l'échelle régionale affichent désormais, dans bien des cas, une ambition supérieure à celle portée au niveau national. Il y a donc une volonté claire d’avancer. Du côté de l’opinion publique, l’adhésion est également très forte.
Les principaux freins sont donc d’ordre réglementaire, mais aussi idéologique. Les énergies renouvelables, et le solaire en particulier, sont la cible de critiques infondées : on leur reproche de perturber le système électrique, de coûter trop cher aux finances publiques, ou de ne servir à rien. À cela s’ajoute l'inconstance des moyens mobilisés par la politique énergétique.
S’agissant spécifiquement du solaire, la législation et la réglementation posent beaucoup de difficultés dans le développement des grandes installations au sol, pourtant les plus compétitives et capables de se passer de tout soutien public. On se prive de ces opportunités.
Les obligations de solarisation (sur les parkings, les bâtiments) sont régulièrement remises en question. Ces changements permanents nuisent au développement de la filière.
Nous avons déjà évoqué un autre exemple emblématique : la baisse non concomitante du tarif d’achat et de la TVA.
La France a une particularité : elle dispose d’ores et déjà d’une électricité quasi totalement décarbonée. Grâce aux centrales nucléaires, aux barrages hydroélectriques, aux installations photovoltaïques et éoliennes, la France dispose d’une électricité à la fois propre, abondante et compétitive.
Ce n’est pas le cas en Allemagne ou en Italie, où la production d’électricité repose encore largement sur des moyens thermiques fossiles. C’est aussi ce qui explique que dans ces pays, le développement des renouvelables est très motivé par le souci de décarboner la production d’électricité.
Si l’on observe les prix de l'électricité sur les marchés à terme à 5 ans, l'écart est de 25 euros par mégawattheure avec l’Allemagne, et de 40 euros avec l'Italie. On n’en parle jamais dans le débat public, mais c'est un vrai avantage – non seulement pour les consommateurs, mais surtout pour nos industries et pour la compétitivité du pays.
En France, nous bénéficions donc d’un avantage considérable. Mais nous ne l’utilisons pas bien : nous pourrions prendre beaucoup d’avance dans la course à la décarbonation, en accélérant l’électrification de nos usages.
Dans ce paysage, le secteur résidentiel et l’autoconsommation jouent un rôle très prometteur. Il s’agit d’une production d’électricité en circuit court, qui fonctionne sans soutien public ou avec un soutien très marginal. Il y a donc de nombreuses pistes pour continuer à développer cet atout dont bénéficie la France, sans recourir massivement aux deniers publics.
Journaliste énergie et rénovation
Juliette a rejoint Hello Watt en 2024 après des études de lettres et de marketing. Sa mission : vous tenir informés des dernières actualités du secteur de l’énergie dans les articles du blog Hello Watt.
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