Interview d’Olivier Mutschler, Directeur marketing chez BDR Thermea
Rencontre avec Olivier Mutschler, Directeur marketing du groupe BDR Thermea, pour comprendre les enjeux et le rôle des fabricants de solutions de chauffage et de climatisation dans la transition énergétique.
Pouvez-vous nous présenter le groupe BDR Thermea et ses marques ?
BDR Thermea France est une filiale de BDR Thermea Group, dont le siège social situé à Mertzwiller en Alsace accueille 1 450 salariés. Notre groupe dispose d’un fort ancrage en France avec 4 sites industriels. L’entreprise s’appuie sur des marques qui ont leur propre identité : Chappée, Oertli, Serv’élite et surtout De Dietrich qui dispose d’une présence et d’un support local forts.
BDR Thermea Group est un acteur mondial majeur dans le développement, la fabrication et la distribution de solutions et de services durables pour le confort thermique et la production de l’eau chaude sanitaire dans les bâtiments résidentiels et tertiaires. Le groupe emploie plus de 6500 personnes, est présent dans plus de 100 pays et occupe une position de leader en Europe, Amérique du Nord, Turquie, Russie et Chine.
Nous fabriquons et distribuons des solutions et des services qui permettent d'économiser de l'énergie et de réduire les émissions de carbone. Nos technologies connectées et intégrées permettent la transition vers des vecteurs énergétiques entièrement durables.
Quelle est la solution innovante sur laquelle vous misez aujourd’hui ou prochainement ?
Nous sommes un acteur majeur de la transition énergétique et accompagnons nos clients dans un objectif de décarbonation extrêmement clair.
Dans cette optique, nous développons massivement la pompe à chaleur (PAC). Nous décuplons les moyens de recherche et développement en Alsace ainsi que nos capacités de production.
Nous sommes convaincus que la pompe à chaleur est une des solutions qui permet de décarboner le bâtiment de manière très efficace.
Le seul bémol que j’émettrais, c'est qu’il ne faut pas considérer la PAC comme l’unique solution. En tant qu’industriel, nous nous devons de travailler sur d’autres solutions.
Notamment, nous travaillons beaucoup sur des solutions hybrides. C’est-à-dire, la solution d’hybrider une chaudière gaz avec une pompe à chaleur.
Nous avons un parc de chaudières gaz d’environ 12 millions d’unités en France, qui représente le parc le plus important en Europe.
Dans certaines conditions, le remplacement d’une chaudière gaz peut s’avérer très contraignant techniquement et représenterait un investissement majeur. Notre idée est donc de travailler sur ces solutions hybrides qui permettent de décarboner rapidement, moins cher et plus facilement techniquement.
Une étude mandatée par les instances européennes explique que les solutions hybrides permettraient de réduire de 45 % les émissions de GES du bâtiment dès 2030. C’est un moyen rapide et pragmatique pour décarboner le secteur.
En parallèle, pour continuer de diversifier les solutions, nous mettons l’accent sur le solaire thermique.
Le solaire thermique est mis en avant dans les calculs de la RE2020 (réglementation environnementale), c’est pourquoi nous travaillons aussi beaucoup sur cette solution.
Que pensez-vous de la concertation lancée par le gouvernement pour potentiellement interdire l’installation de nouvelles chaudières à gaz ?
Nous ne sommes pas là pour être en contradiction avec les décisions du gouvernement. Nous sommes là pour suivre et accompagner au mieux nos clients dans la transition énergétique.
Nous sommes convaincus par la pompe à chaleur et qu’il faut diminuer globalement nos émissions de carbone.
L'idée d’interdire purement et simplement le gaz nous paraît un peu brutale et mettrait beaucoup de Français en difficulté.
Nous pensons qu’une obligation de réduction des émissions carbone dans le bâtiment serait une solution plus judicieuse.
Il faut aussi tenir compte que des solutions existent :
- le gaz vert : nos chaudières fonctionnement parfaitement au bio méthane ;
- l’hydrogène : nous avons des installations qui fonctionnent avec 100 % d’hydrogène, notamment sur un chantier test en Hollande par exemple.
Est-ce possible de réduire l’empreinte carbone de la production d’un nouvel appareil de chauffage ?
Nous avons une multitude de projets, qui verront le jour d’ici début 2024, pour limiter l’impact carbone de nos produits lors de la production. Nous travaillons énormément avec nos fournisseurs de composants pour les inciter à nous suivre dans cette démarche.
Nous travaillons par exemple sur :
- le packaging pour y éliminer le plastique ;
- la baisse d’émissions en carbone de nos sites ;
- la sensibilisation des employés.
Nous avons donc un enjeu majeur sur l’usage du gaz et du fioul, mais nous travaillons aussi en amont, sur la production.
En ce qui concerne la fin de vie des produits, nous sommes en train de tester des concepts de recyclabilité et de réutilisation de composants d’une chaudière en fin de vie.
Où vos usines de production sont-elles basées ? Quels composants d’une PAC sont produits en interne ?
Nous avons une grosse usine en France qui est en Alsace à Mertzwiller qui produit des pompes à chaleur.
Aujourd’hui, nous produisons les unités intérieures des PAC à 100 % à Mertzwiller avec des achats de composants le plus localement possible.
Les unités extérieures sont pour l’instant importées de l’international.
En revanche, nous lançons en 2024 une pompe à chaleur De Dietrich haute gamme qui sera 100 % produite à Mertzwiller donc 100 % “Made in France”.
C’est extrêmement important de ne pas être dépendant de partenaires extérieurs.
Observez-vous une augmentation de la demande pour les appareils de climatisation comparé aux autres années ? Si oui, comment préparez-vous cela, chez BDR Thermea ?
On voit effectivement un intérêt grandissant pour le confort d’été. On se rend compte que l’enveloppe du bâtiment qui est proposé dans les constructions neuves nécessite un aménagement spécifique pour le confort d’été.
Que ce soit l’amélioration de la ventilation ou d’un apport de climatisation, c’est une tendance qui arrive du sud et se déploie vers le nord.
Nous allons avoir une nouvelle offre pour répondre à cette demande. De Dietrich développe une solution qui permettra de faire le travail d’une pompe à chaleur réversible combinée à un système de ventilation qui permettra aussi d’améliorer la qualité de l’air.
Comment garantissez-vous la qualité et la durée de vie de vos produits ?
Nous avons un historique extrêmement fort et nous maîtrisons nos données. Nous savons donc qu’une chaudière ou une PAC à une durée de vie de 15 à 20 ans à condition qu’elle soit bien entretenue. C’est pourquoi nous proposons aussi ces services.
De notre côté, nous assurons la disponibilité des pièces de rechange sur une durée plus longue que celle imposée par la loi.
Nous garantissons aussi de plus en plus longtemps nos appareils pour démontrer que nous sommes confiants et que l’appareil durera longtemps.
Quels sont les problèmes d’approvisionnement ou de main-d'œuvre auxquels vous avez dû faire face et comment avez-vous fait ?
Avec ce qui s’est passé avec la covid et la guerre en Ukraine, nous avons eu des problèmes d’approvisionnement en composants électroniques qui a mis à mal toute notre chaîne de production.
Aujourd'hui, la situation se régularise et ça va beaucoup mieux.
En tant que groupe international, êtes-vous en capacité de nous dire si la France réussit ou peine à prendre le virage du chauffage plus écologique pour abandonner les énergies fossiles, comparé à ses voisins européens ?
La France a plutôt été précurseure. C’est le premier pays où l'on a mis en place des subventions pour des solutions innovantes et moins polluantes, dès 2006.
Le particulier est prêt à prendre soin de son immobilier et de la planète à condition que ce soit abordable.
Pensez-vous que les moyens mis en place par l’État pour accompagner les particuliers dans leur transition énergétique (solaire, chauffage propre) sont suffisants et correctement organisés ?
Les aides en place favorisent les énergies renouvelables, ça va donc dans le bon sens de manière générale.
Le schéma aujourd’hui est relativement complexe sur les aides locales ou nationales. Pour récupérer ces aides, c’est parfois difficile, mais des professionnels comme vous accompagnent les clients pour les aider dans ces démarches.
Ces aides vont tout de même dans le bon sens pour encourager la transition énergétique.
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