Jusqu'en 2024, le réseau électrique sous tension selon RTE
Les tensions de cet hiver sur le réseau électrique français n’étaient qu’un début : dans son bilan prévisionnel pour la période 2021-2023, RTE, le gestionnaire du Réseau de Transport de l’Electricité, a mis en garde sur des risques de pannes généralisées pour les trois hivers prochains, annonçant une vigilance jusqu’en 2024 qui pourrait mettre à mal l’énergie renouvelable. Pourquoi une telle vigilance ? Quelles solutions peuvent être mises en place ? Retrouvez toutes nos explications dans cet article !
Quelles sont les causes de cette vigilance ?
Les pannes généralisées sont dues à un déséquilibre du réseau, entre la production et la consommation d’énergie. Pourtant connue pour produire plus d’électricité que nécessaire, la France ne devrait, cette fois-ci, pas avoir suffisamment de marge pour assurer le critère de sécurité d’approvisionnement. Ce déséquilibre est causé, selon RTE, par plusieurs facteurs.
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Des retards de maintenance dans le secteur du nucléaire
Plusieurs retards dans le secteur du nucléaire ont avant tout été enregistrés au cours des années précédentes. Tout d’abord dans la mise en route du réacteur EPR de Flamanville, dans la Manche. Ce réacteur pressurisé européen représente un surcoût considérable pour les pouvoirs publics français et a enregistré un retard important, causé par des difficultés techniques telles que le renforcement de l’étanchéité de l’enceinte du réacteur. Ce mois-ci, EDF a annoncé qu’une utilisation de l’EPR de Flamanville ne serait peut être pas possible d’ici 2022, en raison de soudures déficientes sur des raccords de tuyauterie. Ce retard entraîne une diminution de la production d’énergie nucléaire, qui compte pour 70% environ du mix énergétique.
A cela s’ajoute la crise sanitaire liée au Covid-19, qui a retardé la maintenance de nombreuses centrales : ici aussi, la production d’énergie nucléaire en a pâti, accumulant un retard qui risque de se faire sentir sur les prochaines années, selon le gestionnaire du Réseau de Transport de l’Electricité.
La production d’énergies renouvelables également en retard
La production d’énergies renouvelables (et tout particulièrement celles de l’énergie solaire et éolienne offshore), alternative aux énergies fossiles et atout de la transition énergétique, a pris du retard. Trois projets de parcs éoliens offshores sont en cours en Normandie et doivent être mis en place au plus tard d’ici 2024. A l’heure actuelle, aucune éolienne offshore n’est opérationnelle en France, contrairement à nombre de nos voisins européens, privant ainsi le pays d’une production supplémentaire d’électricité pour alimenter son réseau.
Un abandon progressif des chauffages au gaz, et une saturation du réseau
Dès l’été 2021, dans le cadre de la transition énergétique et des nouvelles réglementations liées à la RE 2020, les logements neufs n’auront plus le droit de s’équiper de chauffages au gaz. Le but est de se passer progressivement des énergies fossiles : bien que louable, cette alternative pose un problème de saturation du réseau électrique, avec le retour de systèmes de chauffage électriques particulièrement énergivores, et qui appelleront donc à une plus forte sollicitation du réseau électrique français dans les années à venir. Pour surveiller votre consommation d’électricité, n’hésitez pas à utiliser notre coach conso !
Quelles sont les solutions pour pallier cette tension sur le réseau ?
S’appuyer sur l’électricité de nos voisins
La première solution avancée par RTE afin de pallier cette tension sur le réseau électrique français est l’importation d’électricité depuis l’étranger. Cette méthode est toutefois coûteuse et extrêmement polluante, du fait du transport de cette électricité. A l’heure où la France s’engage dans la transition énergétique, cela risque de faire mauvaise impression chez certains.
Toutefois, la France importe d’ores et déjà de l’électricité depuis les pays frontaliers, profitant souvent d’une électricité produite à un coût inférieur à celui des centrales françaises. Cette méthode est notamment utilisée lors des journées particulièrement froides, où la demande en électricité augmente considérablement. L’Allemagne est le principal fournisseur d’électricité dans ces cas-là.
Renforcer les efforts d’effacement de consommation
La seconde option présentée par le gestionnaire du Réseau de Transport d’Electricité est de renforcer les efforts d’effacement de consommation : on demande alors aux entreprises de diminuer leurs activités, ou bien, si ce n’est pas possible, de passer sur un groupe électrogène afin de s’alimenter en électricité. Cette technique permet de soulager le réseau électrique. L’effacement de consommation peut également être demandé aux particuliers de la part de leurs fournisseurs d’électricité verte comme classique.
Si, de votre côté, vous souhaitez adapter votre consommation en électricité, n’hésitez pas à contacter nos conseillers au 09 75 18 60 60 (appel non-surtaxé), du lundi au vendredi de 8h00 à 21h00 et le samedi de 9h00 à 19h00 ! Ils se feront un plaisir de vous aider.
En dernier recours, les délestages ponctuels
Si aucune des solutions précédemment mentionnées ne suffisent à soutenir le réseau d’électricité, il reste une solution de dernier recours : les délestages ponctuels. Ce processus consiste à couper l’alimentation d’un certain nombre de clients, voire d’appareils, afin d’empêcher la saturation du réseau et donc les coupures de courant généralisées.
Quelles prévisions pour l'après 2024 ?
Quelles sont les prévisions à court terme ?
Dans son rapport prévisionnel, RTE prévoit donc qu’au cours des hivers 2021, 2022 et 2023, le critère de sécurité d’approvisionnement de l’électricité ne sera pas respecté, c’est-à-dire que le niveau de production d’électricité ne sera pas toujours égal au niveau de consommation. Des marges seront retrouvées en 2024-2026, mais celles-ci ne devraient toutefois pas être suffisamment confortables pour sortir tout à fait de la vigilance sous laquelle est placé le réseau.
Entre 2026 et 2030, RTE prévoit une nette amélioration, qui devrait coïncider avec plusieurs évènements : tout d’abord, une baisse d’environ 3 gigawatts dans la consommation d’électricité durant l’hiver, en raison de la hausse des températures. Elle devrait également être accompagnée d’une augmentation de 5% par rapport à 2019 de la consommation d’électricité. Cette hausse n’a rien d’alarmant pour le réseau électrique : elle est due notamment au développement des voitures électriques et à l’abandon progressif du chauffage au gaz dans les logements.
2022-2025 : les premiers parc éoliens offshore
D’ici 2022-2025, les premiers parcs éoliens offshore, en construction en Normandie, devraient être opérationnels. Beaucoup plus productif que l’éolien terrestre, l’éolien offshore permettrait de fournir au réseau électrique de l’électricité plus verte, tout en augmentant la production d’énergie et donc d’éviter les black-outs généraux.
Quel impact sur la réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique français ?
Au vu des annonces peu enthousiastes faites par le RTE, il paraît nécessaire de conserver certaines énergies fossiles jusqu’à ce que la période de vigilance touche à sa fin. Ainsi, jusqu’en 2026, il faudrait laisser en l’état certaines centrales à charbon, telle que la centrale de Cordemais, qui devait être transformée par EDF en centrale produisant de la biomasse, une énergie plus renouvelable.
Faire baisser la part de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique français s’avère également plus compliqué. Alors que cette énergie fossile ne devait plus représenter que 50% dans le mix énergétique en 2035, et que de nombreux réacteurs nucléaires devaient être fermés dans les années à venir (dont deux à Fessenheim), prendre le risque de diminuer drastiquement la production d’électricité s’avère compliqué jusqu’en 2026 si l’on ne veut pas souffrir de coupures généralisées et répétées.
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