[JO Paris 2024] Les premiers Jeux Olympiques neutres en carbone ?

Écrit par Marion Mary, Rédactrice experte énergie le 18 avril 2023 à 17:41 | Modifié le 19 avril 2023 à 18:18
Temps de lecture : 6 min

Le plus grand événement du monde, les Jeux Olympiques, pour l’édition de Paris 2024, annonce une empreinte carbone divisée par deux. Utopie ou réalité : on vous en dit plus !

athlétisme 2024

Résumé

  • Les Jeux Olympiques sont un événement mondial avec une empreinte carbone conséquente. Paris 2024 prévoit de diviser ses émissions de GES par deux et de compenser les émissions “inévitables”.
  • Pour atteindre ses objectifs, l’organisation des Jeux de Paris prévoit d’agir sur chaque secteur émetteur en s’approvisionnant par exemple à 100 % d’énergies renouvelables
  • Toutefois, le plan de réduction des émissions des Jeux de Paris 2024 est critiqué, notamment parce que la Seine-Saint-Denis voit disparaitre ses parcs pour des infrastructures olympiques.

Quelles sont les objectifs d’émissions de GES des JO de Paris 2024 ?

Les Jeux Olympiques, un événement mondial historiquement très polluant

Les Jeux Olympiques (JO) sont à chaque édition pointés du doigt pour les conséquences qu’ils entraînent sur l’environnement. En effet, entre les déplacements, les constructions, l’énergie consommée et les déchets produits, l’événement présente à chaque fois un bilan carbone impressionnant.

En 2012, pour les Jeux Olympiques de Londres, une première évaluation de l’impact environnemental des Jeux avait été faite, et le bilan carbone final était de 3,5 millions de tonnes équivalent CO2.

En prenant en compte que l’empreinte carbone d’un Français était en moyenne de 8,9 t CO2e en 2021 selon le Ministère de la Transition Écologique, les Jeux Olympiques de Londres ont émis plus de CO2 équivalent que 393 258 français sur l’année 2021.

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Les JO de Paris 2024 prévoient d’émettre deux fois moins de GES que les éditions précédentes

Le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques (COJO) s’est engagé à diviser par deux l’empreinte carbone des jeux comparé aux éditions précédentes.

L’édition de Tokyo, en 2021, s’étant déroulée sans spectateurs en raison de la Covid-19, son bilan carbone a été évalué à 2,4 millions de tonnes, en dessous de la réalité des JO de Paris 2024 à venir.

Le COJO s’est donc arrêté sur un objectif de 1,5 million d’émissions de CO2 et s’engage à compenser plus que ces émissions par une “contribution additionnelle pour le climat”.

Que prévoit le COJO pour que les Jeux Olympiques de Paris 2024 soient neutres en carbone ?

Un approvisionnement à partir de 100 % d’énergies renouvelables

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont signé un partenariat privilégié avec EDF, ce qui fait du fournisseur français le principal fournisseur d’électricité et de gaz de l’événement sportif mondial. L’objectif est de fournir l’événement, mais aussi le siège du COJO avec 100 % d’énergies renouvelables

EDF partagera aussi son savoir-faire pour installer des stations de recharges pour les véhicules électriques, des stations d’hydrogène vert pour les bus ou encore des solutions pour limiter la consommation générale.

De plus, un appel à projet a été étudié pour créer des groupes électrogènes propres, fonctionnant grâce à des énergies renouvelables. Une solution qui éviterait de brûler plus de quatre millions de litres de gazole, comme cela a été le cas pour les Jeux de Londres. 

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Une stratégie de réduction et de compensation des émissions de GES

Pour atteindre son objectif de réduction de moitié des émissions de CO2 par rapport aux éditions précédentes, le COJO met aussi l’accent sur les autres secteurs émetteurs :

  • le bâtiment, en utilisant 95 % d’infrastructures existantes ou temporaires, et en réduisant de 30 % les émissions de CO2 des nouvelles constructions via notamment l’utilisation du bois ;
  • l’alimentation, en ayant recours au maximum à des produits français et aux protéines végétales ;
  • les transports, pour que les sites soient à 100 % accessibles en transports “propres”, grâce à la construction de nouvelles lignes de métro, mais aussi la promotion du vélo avec la création de 60 km d’olympistes ;
  • l’utilisation de la technologie, en travaillant sur du green code et avec des serveurs à faible consommation.

En parallèle, l’organisation de Paris 2024 prévoit de compenser les 1,5 million de tonnes “inévitables” pour être le premier événement sportif de cette envergure neutre en carbone

Le COJO annonce même vouloir avoir un impact positif sur l’environnement “en soutenant l’émergence et le développement de projets positifs pour le climat en France, où cela est encore rare.

mains planter arbre

Les failles de ces Jeux Olympiques “verts” pour Paris 2024

Bien que le Comité d’Organisation des jeux Olympiques affiche fièrement de grandes ambitions écologiques pour cette édition, nombreux sont ceux qui remettent en cause l’aspect écologique de l’événement.

Quatre sujets épineux sont le plus souvent critiqués et remis en question : 

  • les quelques construction “nécessaires”, bien qu'éco conçues, vont prendre place au détriment de parcs et espaces verts ;
  • les énergies renouvelables promises par EDF qui sont conditionnées aux certificats de “garantie d’origine” ;
  • les travaux des nouvelles lignes de métro, qui ne pourront pas être terminés à temps et remettent donc en cause le plan de déplacement prévue pour l’événement ; 
  • le système de compensation des émissions.

L’impact environnemental des constructions “nécessaires” pour Paris 2024 est-il minimisé ?

Certes, les JO de Paris 2024 utiliseront 95 % d’infrastructures existantes ou temporaires, mais qu’en est-il des 5 % restants ?

La Seine-Saint-Denis le sait, car ce sont trois gros projets qui sont en train de voir le jour dans cette zone : 

  1. un diffuseur autoroutier ;
  2. un village des médias ;
  3. une piscine olympique.

Les habitants se sont battus pour éviter ces projets. 

Le village des médias va prendre place dans le parc Georges-Valbon où se déroule chaque année la fête de l’Humanité.

Le diffuseur autoroutier va venir prendre en étau un groupe scolaire public, polluant ainsi encore plus l’environnement des enfants et créant une “discrimination environnementale” selon un parent d’élève.

Pour ce qui est de la piscine Olympique, ce sont les jardins ouvriers à Aubervilliers qui sont détruits. 

Des propriétaires de parcelles dénoncent le paradoxe écologique de cette construction : 

  • à Aubervilliers, il n’y a que 1,3 m² d’espace vert par habitant, contre dix recommandés par le schéma directeur de la région Île-de-France (Sdrif)”, précise Ziad Maalouf ;
  • en soi, le projet de piscine n’est pas le problème. Elle pourrait tenir hors des jardins, à l’emplacement du parking existant. Mais c’est une extension de son programme qui vient détruire inutilement les jardins ouvriers”, observe Ivan Fouquet ;
  • un espace de fitness et de cardio-training ainsi qu’un village finlandais comportant saunas et hammams [...] Quelle est l’utilité de ces équipements dans une ville où le taux de pauvreté est de 44 % ?”, interroge Ziad.

L’engagement des 100 % d’énergies renouvelables pour les JO de Paris 2024 serait-il mensonger ?

Pour réussir à tenir ses engagements de fournir les Jeux Olympiques de Paris 2024 avec 100 % d’énergies renouvelables, EDF va devoir s’acquitter de certificats de “garantie d’origine” (GO).

Ces derniers qualifient un fournisseur de producteur d’énergie renouvelable. Une fois validée, Powernext, le seul organisme à même de délivrer ces certificats, transmet un numéro unique d’identification qui permet de vérifier l’origine de l’énergie verte.

Ainsi, pour fournir 100 % d’électricité renouvelable aux JO de Paris 2024, EDF devra obtenir de nombreux certificats GO.

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Il y aura-t-il assez de transports en commun pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 ?

La ville de Paris misait sur le projet du Grand Paris Express (GPE) pour assurer les nombreux déplacements des athlètes, journalistes, spectateurs et équipes techniques. 

Ce projet doit agrandir et moderniser le réseau de transports publics régional, mais les délais de travaux ne sont pas respectés :

  • la ligne 16 devait relier les sites des JO de Seine-Saint-Denis sera finalement livrée en 2026 ;
  • les lignes 15, 17 et 18 connaissent le même sort et ne seront pas livrées à temps pour l’événement ;
  • seule l’extension de la ligne 14 pour joindre Orly et le village Olympique devrait voir le jour à temps. 

Ce sont alors des bus spécifiques, pour les personnes accréditées, qui sont prévus pour prendre le relais au moment des Jeux de Paris. Pour les spectateurs, l’offre de transport sera adaptée pour assurer la desserte des lieux de compétition. 

Des “taxis volants” pour les JO de Paris 2024

Un projet actuellement encore en phase de tests prévoit le déploiement de “taxis volants” pour transporter 2 personnes et leurs bagages pendant les Jeux de Paris. Cinq “vertiports” ont été pour l’instant définis pour l’événement. 

Un mode de transport dit “écologique” mais qui sera réservé à ceux qui en ont les moyens.

Est-ce que compenser 1,5 million de tonnes d’émissions de CO2 est écologique ?

Pour compenser la déstructuration partielle des jardins ouvriers d’Aubervilliers, il est par exemple proposé de remettre en culture des parcelles en friche en détruisant une forêt de 11 536 m².

Une proposition qui manque de sens d’après Ziad : “La vie ne se compense pas, surtout dans un contexte d’urgence climatique. Quand on abat des centaines d’arbres, ce n’est pas de la compensation, c’est de la destruction”.

Le COJO prévoit aussi un plan de compensation sur les cinq continents pour préserver les forêts et océans, ainsi que le financement de projets sur le territoire national.

Dire qu’un événement a un impact positif sur le climat est trompeur. L’événement lui-même génère des gaz à effet de serre qui sont néfastes pour le climat. Le soutien financier apporté par les organisateurs à des projets extérieurs n’y change rien.
Lindsay Otis Nilles, Carbon Maket Watch

Que faudrait-il faire pour que les JO soient vraiment écologiques ?

Dans une étude publiée dans la revue Nature en 2021, des chercheurs ont représenté trois actions qui pourraient rendre les Jeux Olympiques plus durables : 

  • réduire considérablement la taille de l’événement ;
  • alterner les Jeux entre les mêmes villes ;
  • mettre en place des normes de durabilité indépendantes.
Marion Mary

Marion Mary

Rédactrice experte énergie

Étudiante en marketing, Marion rejoint l’équipe d’Hello Watt en 2023 en tant que rédactrice blog. À l’affût de l’actualité, elle vous partage tout ce qu’il faut savoir sur le marché de l’énergie aujourd’hui.

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