Festival de Cannes : une édition verte en 2023 ?

Des actions engagées depuis 2021 réduisent l’impact environnemental du Festival de Cannes

Des initiatives écologiques qui perdurent

C’est en 2021 que le Festival de Cannes a annoncé pour la première fois un vrai engagement pour limiter l’impact environnemental de l’événement. Douze mesures avaient alors été présentées :

1. une suppression complète des bouteilles d’eau en plastique ;
2. une flotte automobile composée à 60 % de véhicules électriques ou hybrides ;
3. une incitation à la mobilité douce ;
4. des publications dématérialisées pour réduire les impressions de 50 % ;
5. la fréquence de changement du tapis rouge divisée par 2 ;
6. une réduction du volume de moquette utilisée de 24 % ;
7. une restauration responsable ;
8. une valorisation des déchets supérieure à 95 % ;
9. une sensibilisation aux éco-gestes ;
10. une contribution environnementale des festivaliers de 20 € HT pour compenser l’empreinte de leur voyage ;
11. un système de compensation environnementale du Festival ;
12. la mise en place d’un comité scientifique d’experts indépendants pour sélectionner les programmes compensatoires.

À ces mesures s’ajoutent quelques initiatives visant à sensibiliser à la cause écologique comme la remise d’un prix pour récompenser un film produit de manière écoresponsable, la création d’un festival du Film Écologique et Social et le lancement d’une société de production (cinéma, plateformes, séries) écologique.

En 2023, ces initiatives perdurent avec quelques efforts supplémentaires : 

• la flotte de voiture sera désormais 100 % électrique ;
• 650 m² de moquette supprimée en 2023 ;
• nouvelle tentative d’upcycling avec les tasseaux du Village international et de l’écran du Cinéma de la Plage.

Le Festival de Cannes mise sur la compensation en finançant des projets environnementaux

Le Festival de Cannes compense depuis 2012 les émissions dues au transport des invités. En effet, le Festival de Cannes assure que les émissions liées au voyage et à l’hébergement des festivaliers représentent plus de 80 % de l’empreinte carbone de l’événement (hors édition 2021).

Depuis 2021, une contribution environnementale des accrédités a été mise en place pour compléter ce système de compensation. 

Ainsi, ce sont 1 340 000 € qui ont été collectés depuis 2021. Cette somme est entièrement reversée à des projets environnementaux de compensation carbone et de mécénat tels qu’ : 

• un projet de restauration du littoral méditerranéen ;
• un projet de lutte contre la précarité énergétique dans des quartiers de Marseille ;
• un projet de gestion de forêt durable et un de reboisement post incendie en France.

La “palme du gâchis environnemental” revient-elle toujours au Festival de Cannes ?

Une consommation exubérante sous le feu des projecteurs

Si le Festival de Cannes prend depuis plusieurs années des mesures concrètes pour limiter son empreinte carbone, c'est parce qu’il a longtemps été, et est toujours fortement critiqué pour le gâchis environnemental qu’il représente.

Pendant le festival, la population triple, or tous ces gens se déplacent. Les professionnels et artistes viennent en avion à l'aéroport de Cannes et de Nice, une noria de voitures souvent précédées de motards toutes sirènes hurlantes les conduisent aux hôtels afin d'éviter les bouchons, les immenses yachts dans la baie sont obligés de faire fonctionner leurs moteurs toute la journée pour avoir de l’électricité…

Geneviève Huchet, Présidente de l’association pour la défense de l’environnement et de la nature (ADEN)

Mais c’est surtout le défilé des jets privés qui énerve l’association et les habitants.

En 2018, ce sont 1 700 mouvements (atterrissage et décollages) d’avions d’affaires qui ont été enregistrés par l’aéroport de Cannes au mois de mai. Soit 500 mouvements de plus que le mois précédent, selon les chiffres communiqués par l’AFP.

Des actions discutables en termes de réduction du bilan carbone du Festival de Cannes

On ne peut déplorer les efforts entrepris par le Festival de Cannes ces dernières années pour réduire l’impact environnemental de l’événement. Toutefois, il est important de prendre en compte la réalité des ordres de grandeur.

La source première des émissions de gaz à effet de serre du festival est le transport de ses festivaliers. Pour y remédier, il faudrait remplacer les trajets en avion par des trajets en train quand cela est possible ou par a minima les jets privés par des vols commerciaux.

Aussi, lorsque le festival supprime les bouteilles d’eau en plastique, nous pourrions nous réjouir du nombre de déchets évités, mais ce n’est pas si simple.

Pour remplacer les bouteilles en plastique, le festival a mis en place des fontaines à eau et a distribué des gourdes réutilisables en inox ou aluminium. Toutefois, pour que ces gourdes soient plus écologiques qu’une bouteille en plastique, il faut en avoir qu’une et l’utiliser au minimum 3 ans, d’après le podcast “Y’a le feu au lac” de Ouest France.

Finalement, les gourdes réutilisables distribuées aux festivaliers seront plus écologique que la distribution de bouteilles en plastique seulement si les invités l’utilisent dans une démarche de sobriété.