Faute d'accord, le projet Hercule repoussé par le gouvernement

Écrit le 10 août 2021 à 14:06 | Modifié le 21 décembre 2021 à 01:02
Temps de lecture : 2 min

Le controversé projet de transformation de l’énergéticien français EDFHercule”, rebaptisé “Grand EDF”, suscite de vifs débats entre les différents partis engagés. L'État se heurte en effet aux exigences de la Commission européenne et à l’opposition des syndicats et ne semble, pour l’heure, pas en mesure de satisfaire les deux protagonistes. Un report a même été annoncé le 28 juillet dernier à défaut d’un accord trouvé. Le projet ne pourrait finalement voir le jour qu’en 2022.

Projet Hercule centrale nucléaire

Les raisons du désaccord entre Paris et Bruxelles

Maintenir un EDF "intégré"

Le point de désaccord majeur entre le gouvernement et Bruxelles porte sur le statut donné aux nouvelles entités du groupe : EDF Bleu, Vert et Azur. En effet, l’État souhaite garder un groupe “intégré” afin de conserver une marge de manœuvre dans le développement de ses différentes activités. Cela impliquerait, entre autres, une stratégie unique entre les différentes entités et un même statut pour les salariés. La Commission européenne, elle, pousse pour marquer une réelle scission et ainsi assurer le maintien de la concurrence dans les différents secteurs d’activité concernés. Pour Bruxelles, un groupe intégré permettrait en effet aux différentes activités d’EDF de profiter de la réforme de l’accès à l’électricité nucléaire (Arenh) et des investissements réalisés par l’État. Ce qui n’est pas du goût de la Direction générale de la concurrence de la Commission européenne.

Qu’est-ce que le projet Hercule ?

Le projet Hercule consiste à scinder le fournisseur historique EDF en 3 entités distinctes - EDF Bleu, Vert et Azur. L’objectif de cette transformation est de permettre au groupe d’entreprendre la rénovation de son parc nucléaire tout en investissant dans les énergies renouvelables.

La Commission européenne inflexible sur la question de la concurrence

Pour rappel, grâce à la réforme de l’Arenh, qui permettrait d’augmenter le tarif de vente de l’électricité nucléaire ainsi que les volumes vendues sur le marché - aujourd’hui plafonnés à 100 TWh - le fournisseur historique pourrait accroître ses capacités d’investissement - aujourd'hui grevées par un endettement colossal - et ainsi financer la rénovation du parc nucléaire français. Or Bruxelles ne souhaite pas que cette évolution profite aux entités du groupe qui opèrent sur un marché concurrentiel - notamment pour l'hydroélectricité et les énergies renouvelables. Un des enjeux de cette confrontation porte notamment sur les activités hydroélectriques d’EDF, qui pourraient ainsi être placées dans une entité à part nommée “Azur”.

Hydroélectricité projet Hercule

L’opposition des syndicats au projet Hercule

Si, d’un côté, l’État doit faire face aux exigences de la Commission, de l’autre, les syndicats de l’énergéticien français se mobilisent pour “la création d’un service public de l’électricité”, à rebours des injonctions de Bruxelles. En effet, depuis novembre 2020, plusieurs journées de grève ont marqué l’opposition d’une partie des travailleurs d’EDF contre ce qu’ils considèrent comme un projet de démantèlement du fournisseur d’électricité historique et de privatisation de certaines de ses filières comme Enedis ou EDF Renouvelables. Le 22 juin dernier, dernière journée de mobilisation en date, des milliers de militants se sont rassemblés dans plusieurs villes afin de clamer leurs revendications. Le changement de nom du projet Hercule, qu'il faut désormais appeler "Grand EDF", n'aura donc pas suffi à rassurer l'opposition sur la question d'un potentiel démantèlement du fournisseur historique d'électricité. 

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Dans ce contexte de tension, le projet de transformation “Grand EDF” (ex Hercule) est donc renvoyé aux calendes grecques. EDF et son PDG, Jean-Bernard Lévy, ont en effet annoncé, le 28 juillet, qu’aucun accord ne pouvait être trouvé pour le moment. De même, un membre de l’exécutif a déclaré à l’AFP qu’il n’était “pas envisageable d’avoir un projet de loi au Parlement dans l’immédiat”. Ce projet pourrait même ne pas aboutir avant les élections présidentielles de 2022 et la fin du quinquennat.

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