Rapport RTE : quel avenir pour le système électrique français ?

Que retenir du rapport RTE  “Futurs Énergétiques 2050” ?

Le rapport “Futurs énergétiques 2050”, paru quelques jours après la Journée Mondiale de l'Énergie, est le fruit de deux années de travail pour RTE. Commandé en 2019 par le président de la République Emmanuel Macron pour poser les bases de sa politique de transition énergétique, ce document imagine 6 scénarios pour faire évoluer l’appareil électrique français tout en luttant contre le réchauffement climatique. 

Que contiennent les trois premiers scénarios du rapport ? 

Les trois premiers scénarios imaginés par RTE font la part belle aux énergies renouvelables. Le premier scénario envisage le recours à 100 % aux enR (photovoltaïque, éolien, énergies marines) d’ici à 2050 avec une sortie totale du nucléaire. Le deuxième et le troisième scénario conservent quant à eux une part du nucléaire existant.

Que disent les trois derniers scénarios de “Futurs Énergétiques 2050” ?

Changement de cap pour les trois derniers scénarios du rapport qui mettent en avant cette fois-ci le recours au nucléaire avec la création de réacteurs nouvelle génération, sans oublier l’essor des énergies vertes. Le 4e et le 5e scénario donnent ainsi une place importante mais néanmoins minoritaire au nucléaire, alors que le tout dernier scénario (le 6e) imagine le recours à 50 % au nucléaire en 2050, soit le maximum autorisé par la loi énergie-climat adoptée en novembre 2019 !

Les énergies renouvelables, indispensables au mix énergétique mais coûteuses

Selon RTE, l’essor des énergies renouvelables est une condition sine qua none pour sortir des énergies fossiles d’ici 2050. 

Atteindre la neutralité carbone est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables. 

Rapport « Futurs énergétiques 2050 » RTE.

Néanmoins, le recours aux enR seuls semble peu réaliste car très coûteux (malgré la baisse des coûts du renouvelable, les investissements pour développer le solaire ou l’éolien sont lourds) et imprévisible (on parle d’énergie intermittente, c’est à dire qui ne produit pas en permanence) et devrait nécessairement s’accompagner du nucléaire. 

Le nucléaire, un moyen de production électrique particulièrement rentable

Les scénarios comprenant de nouveaux réacteurs nucléaires apparaissent plus compétitifs.

Rapport « Futurs énergétiques 2050 » RTE.

 C’est en tous cas le constat de RTE, qui recommande fortement le nucléaire, moins cher que le recours à 100 % aux énergies renouvelables, mais aussi essentiel pour espérer atteindre les objectifs de neutralité carbone fixés par la France et ses voisins européens d’ici 30 ans. En effet, cette option ferait peser "une contrainte très forte sur l'atteinte de la neutralité carbone" selon le rapport « Futurs énergétiques 2050 » de RTE.

Pourquoi ce rapport fait-il grand bruit ? 

Une forte croissance de la demande en électricité

Dans ce même rapport, RTE envisage une forte augmentation de la consommation électrique liée aux objectifs que s’est fixé la France en s’engageant à sortir des énergies fossiles lors de l’Accord de Paris. Pour ce faire, les pouvoirs publics encouragent de plus en plus les Français à abandonner leurs vieux chauffages énergivores au fioul ou au gaz, pour les remplacer par des appareils plus écologiques et performants comme les pompes à chaleur. Avec le lancement d’un nouveau label VertVolt permettant d’identifier les offres d’électricité 100 % renouvelables, l'État engage également les Français à passer à une énergie plus verte. Dans tous les cas, ces initiatives contribueront à faire croître inexorablement la demande en électricité.

Les présidentielles à l’approche

À six mois des élections présidentielles et à quelques jours de la Cop 26, ce rapport tombe à pic pour le président de la République Emmanuel Macron, qui va pouvoir appuyer ses propos sur le nucléaire, qu’il a récemment défendu lors du plan de relance “France 2030”. Ce dernier déclarait en effet le 12 octobre dernier, que la France a encore « besoin de cette technologie » peu émettrice de gaz à effets de serre. Il devrait s’exprimer dans les prochaines semaines au sujet de la construction, ou non, de six nouveaux réacteurs nucléaires EPR.