Adoption du label vert pour le nucléaire et le gaz

Écrit par Sarah Nedjar, Rédactrice experte énergie le 3 février 2022 à 10:07 | Modifié le 29 juin 2022 à 15:31
Temps de lecture : 3 min

Le 31 décembre 2021, la Commission européenne présentait un projet de classification du nucléaire et du gaz comme énergies vertes. Le 2 février 2022, le projet est officiellement adopté. On vous en dit plus sur ce texte controversé.

label vert nucleaire gaz UE

Quelles sont les conditions pour labelliser le nucléaire et le gaz comme énergie verte ?

La Commission européenne a annoncé mercredi 2 février la création d’un label “vert” pour les centrales nucléaires et à gaz. Pour l’obtenir, une liste de critères doit être respectée :

  • les nouvelles centrales nucléaires doivent disposer d’un permis de construction datant d’avant 2045 et les travaux permettant de prolonger la durée de vie des centrales existantes doivent être autorisés avant 2040 ;
  • les centrales à gaz doivent respecter un seuil de rejet d’émission de CO2 dans l’atmosphère : moins de 100 grammes par kWh. Les centrales qui obtiennent un permis de construire avant le 31 décembre 2030 peuvent rejeter jusqu’à 270 grammes/kWh sous réserve de remplacer les infrastructures les plus polluantes.

Pourquoi la Commission européenne accorde-t-elle ce label ? 

L’Union Européenne s’est donné comme objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Un label vert pour le nucléaire et les centrales à gaz permettrait d’attirer des investisseurs vers des modes de production d’énergie jugés moins gourmands en émissions carbone que les centrales à charbon par exemple. En accordant un label vert au nucléaire et aux centrales à gaz, la Commission européenne reconnaît leur contribution à la lutte contre le dérèglement climatique.

"Aujourd’hui, nous franchissons une nouvelle étape importante dans la transition [...] Nous devons utiliser tous les outils à notre disposition, car nous avons moins de trente ans pour y parvenir"
a déclaré la commissaire européenne aux services financiers, Mairead McGuinness, lors d’une conférence de presse.

Néanmoins, la Commission rappelle que le nucléaire et le gaz sont des sources d’énergie de transition et qu'elles servent surtout à répondre aux objectifs de décarbonation ambitieux que s’est fixé l’Union européenne pour 2050.

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Selon Pierre Bénazet, correspondant RFI à Bruxelles, “l’objectif est de donner une grille de lecture aux investisseurs privés et rien d’autre. Les investisseurs doivent pouvoir savoir où ils mettent leur argent et si leurs fonds seront utilisés pour atteindre l’objectif européen de neutralité des émissions.”

Quels sont les pays opposés à ce projet ? 

La Commission européenne, composée des 27 Etats membres de l’UE, est très divisée sur la question de ce label vert. 

Du côté des pays en faveur de cette mesure, on trouve en tête de liste la France. En effet, cette dernière défend activement l’atome et souhaite moderniser ses installations vieillissantes qui représentent environ 70 % de la production d'électricité. En témoigne le plan France Relance 2030 d’Emmanuel Macron en octobre 2021 qui mettait en avant le nucléaire. Une prise de position partagée par certains pays d’Europe centrale comme la Pologne ou la République tchèque qui doivent remplacer leurs centrales à charbon polluantes.

A l’opposé, l’Allemagne, le Luxembourg et l’Autriche y sont fermement opposés. Le gouvernement autrichien a même annoncé ce mercredi son intention d'engager une action en justice contre la décision de la Commission européenne.

"Il est clair que le gaz naturel, énergie fossile, n'a rien à faire dans la taxonomie, et il est tout aussi clair que le nucléaire non plus : il ne contribue pas à la protection du climat"
a ainsi tranché la ministre de l'Environnement autrichienne, Leonore Gewessler.

Les arguments contre la labellisation du nucléaire et du gaz sont les mêmes que ceux avancés par les écologistes. D’ailleurs, de nombreuses ONG environnementales s’y sont fermement opposées. Pour eux, les centrales à gaz sont émettrices de CO2 et leurs énergies sont d’origine fossile, ce qui va à l’encontre du principe même du label qui récompense les installations peu émettrices d’émissions carbone. Les centrales atomiques sont aussi pointées du doigt en raison des rejets de déchets radioactifs dans l’environnement et des risques d’accidents.

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Selon Bruxelles, mais aussi le rapport de RTE, “Futurs Énergétiques 2050”, le recours seul aux énergies renouvelables ne suffira pas à atteindre les objectifs de décarbonation en raison de leur production intermittente. Favoriser l’investissement, de façon provisoire, dans le nucléaire et le gaz permettait en revanche d’y parvenir.

Sarah Nedjar

Sarah Nedjar

Rédactrice experte énergie

Après une classe prépa lettres et l'obtention d'un Master en management interculturel, Sarah rejoint Hello Watt en 2021. Elle rédige des contenus (articles de blog, newsletters, communiqués de presse) sur l'actualité du marché de l'énergie.

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