Électricité : 35 % TTC de hausse évitée le 1er février

Le gouvernement a annoncé maintenir le bouclier tarifaire à + 4 % TTC

Pour commencer, il convient de rappeler que l’approvisionnement en électricité des fournisseurs alternatifs repose sur deux sources : l’Arenh et le marché. Le coût du mégawattheure d’électricité via le dispositif Arenh en 2022 est de 46 €/ MWh alors que le prix de l’électricité sur les marchés SPOT était en moyenne de 250 €/MWh en janvier 2022. Les tarifs réglementés (TRV) résultent du coût des différents produits (produits calendaires, mensuels, trimestriels, SPOT).

Le calcul des TRV reproduit la stratégie d’approvisionnement d’un fournisseur alternatif, en intégrant la part ARENH et le complément de fourniture, complété des autres coûts (capacité, coûts commerciaux, TURPE).

La CRE a calculé que le prix de l’électricité au tarif réglementé aurait dû bondir de + 35 % TTC en février 2022. Mais grâce au bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement, la hausse ne sera “que” de + 4 % TTC. Comment est-ce possible ? Qu’a fait l’Etat pour parvenir à tenir cet engagement ? Deux levier principaux ont été mis en place : 

• Tout d’abord, le gouvernement à augmenté le plafond de l’Arenh (accès régulé à l’électricité nucléaire historique) pour obliger le fournisseur historique EDF à vendre davantage d’électricité nucléaire à bas prix à ses concurrents. Le volume de l’Arenh normalement limité à 100 TWh/an pour tous les fournisseurs alternatifs va être relevé de 20 TWh (+20 %) et le prix de l’Arenh va être augmenté (de 42 à 46 €/MWh). Cette mesure permet aux fournisseurs alternatifs de s’approvisionner à moindre coût en électricité, de limiter la hausse hors taxes du prix de l’électricité à +27 % et d’avoir un impact significatif sur la hausse du TRV TTC : -15 % !
• Ensuite, le gouvernement a choisi de baisser à son niveau minimum légal la CSPE (Contribution au Service Public de l'Électricité) qui compte pour environ 5 % de la facture d’électricité des Français. Cette taxe sera ainsi ramenée à 50 centimes d’€/MWh au lieu de 22,5 € / MWh. Elle permet de compléter l’augmentation du plafond de l’ARENH et d’avoir un impact significatif sur la hausse du TRV TTC : -16 % !

Est-ce une mesure durable et bénéfique pour les Français et les fournisseurs alternatifs ? 

L’annonce de la hausse de + 4 % TTC du prix de l’électricité en février 2022 n’est pas une très bonne nouvelle pour les Français. Mais la facture aurait pu être beaucoup plus salée si le gouvernement n’était pas intervenu pour limiter la hausse de + 35 % TTC. Les mesures actuelles sont donc plutôt bénéfiques pour les clients au TRV d’EDF en ce début d’année. Mais le seront-elles tout autant dans quelques mois ? 

Une fois la fiscalité réduite et les volumes d’ARENH mis à disposition, la CRE évaluera l’éventuel rattrapage à réaliser en 2023 sur les TRVE, dont le niveau dépendra des prix de marché en 2022 et des éventuelles mesures qui seront prises.

Commission de régulation de l'énergie (CRE)

En effet, la baisse de la taxe sur l’électricité va coûter 8 milliards d’euros à l’Etat. Le mécanisme de rattrapage des sommes non perçues par les fournisseurs n’a pas encore été rendu officiel mais il supposerait un report de la hausse des prix en 2023.

Côté fournisseurs, cette baisse a un impact favorable :

• l’augmentation du plafond d’ARENH permet de diminuer les coûts d’approvisionnement des fournisseurs alternatifs et le niveau du TRV d’EDF ;
• la hausse significative du TRV HT permet aux fournisseurs de proposer des tarifs plus proches du TRV, et donc de favoriser la concurrence ;
• une hausse importante a été évitée en 2022 grâce aux mesures du gouvernement, mais théoriquement, le TRV est en hausse de 35 % TTC et des hausses importantes HT et TTC sont attendues en 2023. 

Globalement, le maintien du bouclier tarifaire à 4 % TTC par le gouvernement fournit des conditions favorables à une concurrence plus dynamique et à une reprise de l’acquisition pour les fournisseurs.

Pourquoi une si forte augmentation du prix de l’électricité ? 

Plusieurs facteurs expliquent la hausse inédite des prix de l’énergie en France et en Europe. 

Tout d’abord, la reprise économique suite à la crise sanitaire et au confinement généralisé a induit une très forte demande en gaz dans toute l’Europe, et donc à une hausse de son prix. Par ailleurs, les prix du CO₂ en Europe ont eux aussi augmenté. Enfin, la faible disponibilité du parc nucléaire français pendant cette période a largement contribué à faire exploser le prix de l’électricité. 

En effet, les prix du gaz et de l’électricité sur les marchés SPOT ont atteint des niveaux records : le 25 novembre dernier, le mégawattheure d’électricité dépassait la barre des 300 € et le cours du gaz avait retrouvé ses plus hauts niveaux d’octobre sur le marché européen, soit 93 € le MWh.