Baisse des ventes de 30 % en 2024 : le marché des pompes à chaleur en difficulté

Écrit par Justine Dumont, Rédactrice experte rénovation énergétique le 12 décembre 2024 à 18:24
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Modifié le 18 décembre 2024 à 11:22
Temps de lecture : 3 min

Avec le “plan PAC”, la France ambitionne de tripler sa production de pompes à chaleur (PAC) pour atteindre un million d’équipements d'ici à 2027. Un objectif qui paraît difficilement atteignable au vu des derniers chiffres du marché. En 2024, les ventes de PAC ont chuté de près de 30 % par rapport à 2023. Quels sont les facteurs à l’origine de cette tendance ? Quel avenir pour les pompes à chaleur ?

En résumé : 

  • Selon une analyse de marché menée par le cabinet de conseil LCP Delta en date du 15 novembre 2024, le marché des pompes à chaleur (PAC) français est en baisse de 30 %.
  • En cause : la crise de la construction neuve, l’inflation et les multiples réformes des dispositifs d’aide à la rénovation.
  • La pompe à chaleur est le mode de chauffage le plus économique et écologique, mais est aujourd’hui concurrencé par la chaudière à gaz qui bénéficie d’un tarif et d’une fiscalité plus avantageuse.
Baisse de 30 % des ventes de pompes à chaleur en 2024

La vente de pompes à chaleur en baisse de 30 % en 2024

Le 15 novembre dernier, le cabinet de conseil LCP Delta, spécialisé dans la transition énergétique, a publié une analyse de marché des pompes à chaleur (PAC) en France. Les résultats sont formels : la France affiche “des objectifs ambitieux”, mais accuse “un retard préoccupant face aux enjeux européens”. 

Voici ce qu’il en ressort : 

  • en 2024, les ventes de PAC utilisées pour le chauffage ont chuté de près de 30 % comparé à 2023 ;
  • entre 2022 et 2024, le marché a perdu plus de 150 000 pièces en volume
  • d’ici fin 2024, seules 400 000 PAC devraient être vendues ;
  • les pompes à chaleur air-eau seraient plus durement touchées par cette baisse.

Ce ralentissement impacte lourdement le secteur de l’industrie, puisque comme l’indique le cabinet : “plusieurs usines tournent en sous-régime, et des réductions des effectifs sont envisagées pour adapter l'activité à la demande actuelle”.

Fort heureusement, cette baisse ne devrait être que temporaire, une reprise des ventes étant attendue fin 2025, pour aboutir à une croissance significative en 2026. Selon les prévisions de LCP Delta, 750 000 pompes à chaleur pour le chauffage pourraient être vendues en 2035, soit une augmentation de 30 % par rapport à 2023

Or, dans le cadre du “plan PAC”, la France souhaite tripler la production de pompes à chaleur, pour atteindre le million d’équipements en 2027. Un objectif inatteignable si ces conclusions se révèlent vraies.

Une bonne nouvelle

Malgré cette baisse notable, il est important de souligner que la France reste le premier marché de la pompe à chaleur en Europe, devant l’Italie et l’Allemagne, qui subissent également une baisse des ventes des PAC

Un secteur impacté par les décisions politiques et le contexte économique

Trois principaux facteurs expliquent ce ralentissement qui touche le secteur des pompes à chaleur

  1. la crise de la construction neuve, qui entraîne un ralentissement des ventes de logements neufs, malgré la baisse des taux d’intérêt, réduisant par conséquent la demande en équipement de chauffage ;
  2. la hausse de l’inflation, qui limite la capacité des ménages à financer leurs projets de rénovation énergétique ;
  3. les réformes successives des dispositifs d’aides, en particulier de MaPrimeRénov’ qui a connu d’importants changements en 2024 avec la suppression du Parcours par geste en janvier 2024, avant sa réintégration en mai pour enrayer la baisse des dossiers de demande d’aide.

Le marché immobilier, la conjoncture économique et la confusion autour des dispositifs d’aides ont poussé de nombreux ménages à différer leur projet d’installation, privilégiant parfois des solutions moins coûteuses, mais plus polluantes, comme les chaudières à gaz.

Une tendance qui pourrait malheureusement se poursuivre

Le Gouvernement envisage d’accorder des subventions uniquement aux équipements produits en France ou en Europe, et ce, dès l’année prochaine. Une décision qui vise certes à soutenir la production française, mais qui prend la forme d’une contrainte supplémentaire pour les particuliers.

Unité extérieure d’une pompe à chaleur 

La concurrence des chaudières à gaz, un frein à la transition énergétique

Parallèlement à la baisse des installations de PAC, la pose de chaudière à gaz a augmenté d’environ 15 % en 2024. Cette tendance s’explique par : 

  • un tarif du gaz plus compétitif que celui de l’électricité ;
  • le prix d’achat nettement inférieur de l’équipement, puisqu’une chaudière à gaz coûte 3 à 4 fois moins cher qu’une PAC ; 
  • une fiscalité avantageuse, puisque la TVA est encore fixée à 5,5 % (ou 10 % selon les appareils) pour les chaudières à gaz, contre 20 % pour les panneaux solaires au-dessus de 3 kWc

Bon à savoir

Conformément au projet de loi de finances, la TVA devrait être rehaussée à 20 % dès le 1ᵉʳ janvier 2025, mais la chute du gouvernement Barnier a reporté cette mesure.

Ces éléments mettent en lumière une incohérence avec les objectifs de décarbonation des modes de chauffage. En effet, la pompe à chaleur joue un rôle central dans la transition énergétique puisqu’elle puise dans une ressource renouvelable gratuite (eau, air, sol) pour produire de l’électricité ou de l’eau chaude sanitaire, contrairement à la chaudière à gaz encore dépendante aux énergies fossiles

De plus, selon notre comparatif, la PAC demeure l’une des solutions de chauffage les plus économiques sur le long terme car elle : 

  1. est éligible à plusieurs aides, ce qui permet un amortissement plus rapide de l'investissement ;
  2. est très performante, et consomme donc peu d'énergie, même si le coût de l'énergie utilisée (l'électricité) est plus élevé. Par exemple, une pompe à chaleur air-eau avec un Coefficient de Performance (COP) de 3, produit 3 kWh de chaleur pour chaque kWh d'électricité consommé. Cela signifie qu'elle restitue trois fois plus d'énergie qu'elle n'en consomme.

Pour inverser la tendance, il faudrait donc inciter les particuliers à se tourner vers ce mode de chauffage en révisant la législation, en simplifiant les processus de demande d’aides et en pénalisant les énergies polluantes. Ces actions pourraient non seulement stimuler le marché, mais aussi renforcer l'engagement de la France dans la transition énergétique des logements.

Justine Dumont
Justine Dumont

Rédactrice experte rénovation énergétique

Rédactrice web engagée, Justine rejoint Hello Watt en 2024 avec deux objectifs en tête : informer les consommateurs sur la rénovation énergétique et partager des astuces pour les aider à réaliser des économies.

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